Benoît Poelvoorde : "J’ai toujours en moi ce plaisir jubilatoire de jouer"

Tous les ans, dans un café où l'on perd la notion du temps, se réunissent de vieux amis pour célébrer, soi-disant, celui d'entre eux qui n'a rien fait, ni peint, ni écrit, ni joué, ni rien, et se prêter à un étrange et hypocrite exercice d'autocritique.. Autour de la table, les vieux amis se jettent les dernières miettes de leur fierté, de leurs jeunesses, de leurs tendresses cachées, de leurs rancoeurs, tandis qu'un pianiste joue la ritournelle. Celui qui se croyait l'invité spécial est jeté dehors. Il a fauté, on ne sait pas vraiment quoi, une fin de soirée pas très honorable et il devient le paria. Il reste au bar, il insiste, et son visage dans un long soliloque passe par toutes les météos, jusqu'à ce qu'il puisse faire son numéro, s'assoir enfin à la table presque entièrement désertée et ouvrir la porte sur autre chose. Un peu jour, un peu de lumière, une rue qui ne demande qu'à s'animer autrement.

C'est Benoit Poelvoorde qui interprète ce personnage dans Adieu Paris d'Edouard Baer, en salles le 26 janvier, et que avons le plaisir de recevoir.

Extraits de l'entretien

"Pour ce rôle Edouard Baer m’a demandé d’être comme je suis dans la vie, c’est-à-dire "trop". Alors, j’ai eu beaucoup de plaisir à dire son texte, qui est très écrit, car je peux, à la fois m’entendre, et entendre ses mots. En fait, même si le texte est très écrit, Edouard m’a laissé beaucoup de moments de solitude." Benoît Poelvoorde

"Les personnages du film ne sont pas glorieux, mais ils sont sympathiques, et  y a une certaine élégance dans leur éloge de la paresse. Ils font partie de la catégorie des vieux cons, et d'une génération, durant laquelle les hommes aimaient se réunir entre eux." Benoît Poelvoorde

"Quand on joue la comédie, comme en musique, il y a des moments de grâce infinie, et ce qu’il y a de plus difficile pour un acteur, c’est de pouvoir conserver cette lumière, malgré tout ce qui l’entoure et ce qui peut l’engourdir."  Benoît Poelvoorde

"Si je perdais ma jubilation à jouer, si je ne m’amusais plus à refaire 52 fois la même blague, avec à chaque fois une intention différente, alors j’arrêterais d’être comédien."  Benoît Poelvoorde

Archives

Edouard Baer, émission Le réveil culturel, Tewfik Hakem, France Culture, 12/09/2018

Jean-Pierre Marielle, émission Atout cœur, Francis Colnot, Radio Bleue, 29/10/1986

Gérard Depardieu, RTS, 1987

Jean Rochefort, émission A voix nue, Arnaud Laporte, France Culture, 02/01/2012

Références musicales

Robert Charlebois, Ordinaire

Nina Simone, My baby just cares for me