

A l’occasion de la sortie de son livre « Un autre paysage », aux éditions Dargaud, Blutch ne jure que par le dessin, avoue avoir un problème avec le récit, préfère le mot trouble à celui d'érotisme, et souligne l'importance de Saul Steinberg dans son parcours.
- Blutch Dessinateur, illustrateur
Ce livre est publié à l'occasion de trois expositions organisées à Strasbourg, du 22 mars au 30 juin 2019 au Musée Tomi Ungerer, au Musée d'art moderne et contemporain ainsi qu'à la Médiathèque centrale. L'ouvrage célèbre le travail de Blutch à travers des textes de spécialistes, un grand entretien et de nombreux dessins retraçant son parcours.

Je suis dessinateur, mon langage premier c’est de dessiner, et mon travail se passe de mots, et devrait même se passer d’explications. Lorsqu’on me demande de parler de dessins, j’ai souvent l’impression d’être le type qui explique une blague, alors que, dès qu’on commence à l’expliquer, ce n’est plus drôle. Les mots, la phrase, tout de suite ça réduit la portée de ce que j’essaie de faire.
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La bande dessinée est un exercice anecdotique, et je suis un dessinateur figuratif, ce que je dessine, ce sont des scènes reconnaissables donc en elles-mêmes figuratives. Finalement, j’essaie de représenter des choses tangibles en me dégageant de l’anecdote.
Pour moi le dessin dépasse tout. J’ai commencé à dessiner comme tous les petits enfants, et pour une raison mystérieuse je n’ai pas arrêté. Je peux dire qu’à l’âge que j’ai, je fais la même chose qu’il y a quarante-cinq ans : j’ai la même posture, les mêmes instruments, et presque les mêmes préoccupations. En fait, le dessin, c’est une manie.
Ce livre est un peu un pense-bête, c’est une manière de mettre de l’ordre dans mes idées, de ramener tout ce qui était un peu éparpillé et de voir où j’en suis. Jusqu’à présent, je m’étais refusé à publier ce genre de monographie, j’avais peur que ce soit solennel, de me retrouver amidonner là-dedans. Mais en fait, un bouquin c’est bien, parce qu’on peut s’appuyer dessus pour aller ailleurs. Maintenant, mes dessins sont bordés et je vais pouvoir les oublier.
Mon seul truc c’est d’échapper à moi-même. Je n’approfondis rien, je picore, je change de technique, de manière, j’ai l’impression de ne pas avoir de style et c’est très bien. Je n’ai pas spécialement de démarche, et ce livre illustre mon indécision. En fait, j’essaie d’échapper aux formes trop communes, et aussi de déjouer ma propre facilité. Au bout d’un moment, on a du métier, alors j’essaie d’aller contre mon propre savoir-faire, contre le confort. Je suis la truffe au vent et je n’ai pas de suite dans les idées.

Archives
Roland Topor, émission « Radioscopie », France Inter, 1976
Claude Lapointe, émission « Le bon plaisir », France Culture, 1986
Tomi Ungerer, émission « A voix nue », France Culture, 2012
Saul Steinberg, émission « Un homme, une œuvre », France Culture, 1966
Références musicales
CW Stoneking, Good luck charm
Exploded view, Summer came early
Information complémentaire

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