Au cours de notre entretien, le photographe franco-algérien nous raconte ses voyages en Algérie pour combler les vides de sa propre histoire, l'accident dans la photo, sa pratique de l'argentique, et sa rencontre avec des migrants dont il enregistre les corps, les objets et les mots.
- Bruno Boudjelal photographe
Dans son exposition « La traversée des apparences » au CAIRN de Meyrin du 9 mars au 7 avril, Bruno Boudjelal revient sur l’ensemble de son travail, notamment en Algérie où il questionne l’identité et l’histoire collective.
Quant à sa série photographique « Ne mourrons pas fatigués », elle est présentée du 2 au 20 mars dans le cadre du 17e FIFDH (festival du film et forum international sur les droits humains) de Genève où l’artiste a longuement rencontré des hommes et des femmes témoignant de leur parcours migratoire et leur a proposé de se raconter.
Bruno Boudjelal est artiste résident au FIFDH
J’ai du mal à ré-ouvrir les livres photos que j’ai pu faire, j’en fais de temps en temps, mais c’est une chose difficile pour moi, parce que ça parle du lâcher prise, une fois que le livre est fait, il a sa vie, il faut lâcher les choses, et ça peut être douloureux.
Les gens peuvent lire dans la forme de ma photographie, quelque chose qui renvoie à la liberté, dans la manière de se débarrasser des contraintes, du choix de l’appareil photo, des histoires techniques, etc…Ma photographie, en Algérie et aussi ailleurs, ce n’est une photographie que sous contrainte, je n’obtiens jamais ce pour quoi je suis parti, et quand je reviens de voyage, je n’ai aucune idée de ce que j’ai fait.
La photographie en Algérie, en 1993, m’a permis de me mettre à distance, car c’était trop douloureux, ce pourquoi j’étais venu, à savoir trouver ou pas ma famille. J’ai été obligé, même concrètement, de faire de nombreux détours pour essayer de mettre en place ce retour, qui était fortement improbable, car je ne savais pas du tout ce que j’allais trouver. La forme de ma photographie est complètement liée à la pratique, ou la non-pratique de la photographie en Algérie pendant ces années-là.
Pour ces expositions, j’ai rencontré différents groupes de migrants et je leur ai expliqué ce que je voulais faire, essayer de collecter des histoires, auxquelles on peut se raccrocher. Et à ma grande surprise, ils ont tous voulu participer au projet, et à un moment j’ai été débordé par les histoires, et maintenant j’ai la tête remplie d’histoires.
Dans l’idée de ces diptyques, il y l’idée de faire une image qui évoque aux migrants un endroit, et c’était de leur demander de choisir un lieu qui a du sens dans lequel ils se sentent bien. Quand la ville est pleine d’histoires et que ces histoires circulent, c’est pas mal.
Archives
Grégory Dargent, émission « Par les temps qui courent », France Culture, 2018
Marielle Macé, émission « L’heure bleue », France Inter, 2017
Joseph Koudelka, émission « Hors champs », France Inter, 2016
Nicolas Bouvier, émission « Du jour au lendemain », France Culture, 1992
Références musicales
Grégory Dargent, Le cuirassé potentat
Charlotte Adigery, 1,618
Asa, Why can't we
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