Casey revient avec un nouveau groupe "Ausgang", et un nouvel album "Gangrène". L'occasion d'évoquer son rapport à l'écriture et à l'oralité, mais aussi la thématique qui prédomine dans ses textes à savoir l'expérience noire et ses répercussions.
- Casey Rappeuse française
Jamais à court de collaborations, qu’elles soient musicales ou théâtrales, Casey, revient avec un tout nouveau groupe : Ausgang et un nouvel album Gangrène (A-Parte).C’est une nouvelle fois un mélange des deux musiques préférées de Casey qui est créé par l’ensemble des musiciens (Marc Sens à la guitare et à la basse, Manusound aux machines et Sonny Troupé à la batterie), dans l’esprit de ses précédentes collaborations avec Zone Libre mais avec un côté plus sombre, dépouillé, et plus électronique. Un écrin musical qui sied parfaitement au flow ciselé de Casey et à ses textes, emplis d’une rage froide et pourtant incandescente.
Extraits de l'entretien
La France est un pays très littéraire, dans lequel les gens aiment se dépoitrailler, s'autoanalyser. Ce que j'aime dans le rap, c'est qu'il y a un peu moins de maniérisme. L'écrit c'est juste le prisme pour arriver à l'oral, c'est la différence avec la littérature. Dans le rap, l'oral compte autant que l'écrit, et poser les mots, c'est une façon de poser les notes.
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Pour moi, la thématique c'est toujours la même, c'est l'expérience noire : qu'est-ce que c'est qu'être noire dans un monde blanc, et comment je vis cette expérience, comment elle se répercute sur moi et comment je la répercute sur les autres.
C'est le rap qui m'a fait m'intéresser à l'histoire des Amériques, c'est-à-dire au nouveau monde, cette partie du monde qui a été prise d'assaut il y a cinq siècles et qui a créé un melting pot culturel incroyable. En cinq cents ans, tout ce qui s'est passé de novateur s'est passé de ce côté du monde. C'est en écoutant des rappeurs américains et en traduisant leurs textes, que j'ai appris des choses. Et c'est en faisant des recherches sur les références des uns et des autres, notamment les Black Panthers, que je suis tombée sur Franz Fanon, qui est martiniquais. Dans les Amériques, il y a une culture de la survie, c'est ce qui a créé une nouvelle nation, ce sont les nouvelles racines, ce qui a été fait à partir de la rencontre et de la survie. Les caraïbéens, les afro-américains, ou les sud-américains ont su créer quelque chose de nouveau à partir d'un effacement : quelque chose de nouveau s'est inventé à partir du rien, et c'est très puissant.
La France ne peut pas effacer son passé colonial, mais je trouve que ça change. Il y a de plus en plus de blancs qui se déterminent en tant que blancs et qui essaient de réfléchir à ce que cela veut dire d'être blanc, et on ne parle pas de la race biologique, ça on s'en fout, on parle de la race sociale et politique. Socialement et politiquement, être blanc, noir, asiatique ou arabe, c'est différent. Cela vient de quelque part, il y a une construction à cela. Il faut essayer de démonter et d'analyser cette construction qui vient de l'esclavage, de la colonisation, et qui ne s'est pas faite en un jour. Ça ne se défera pas en un jour, mais par contre, ça se réfléchit à plusieurs.
La musique je la fais, c'est tout, il y a des moments où on ne peut pas tout intellectualiser. En fait, la musique, ça passe dans le corps. Pour moi, la musique c'est de la danse, ça permet de débrancher le cerveau. En Europe et en Occident, on a beaucoup déconnecté le corps de l'esprit. Pour les occidentaux, souvent, la musique ça s'écoute : chez les afro-descendants, la musique ça se danse.
références musicales
Ausgang, Chuck Berry
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Ausgang, Aidez-moi
Tricky,Hell is round the corner
Ausgang**,** Elite
Archives
Franz Fanon, émission " Conférence au congrès international des écrivains et artistes noirs", RTF, 1956
Serge Teyssot-Gay, émission "Par les temps qui courent", France Culture, 2019
Virginie Despentes, émission "La vie est un je", France inter, 2015
Prise de son
Bernard Lagnel
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