Christine Salem : "Je n'arrive pas à chanter pour chanter"

Christine Salem
Christine Salem - Frank Loriou
Christine Salem - Frank Loriou
Christine Salem - Frank Loriou
Publicité

Nous recevons la chanteuse réunionnaise pour son nouvel album "Mersi" (Label Blue Fanal), dans lequel elle mêle les percussions de son île aux mélopées d’un violon virtuose. Sur ses pistes voyageuses, aux couleurs blues, maloya ou rock, elle rend grâce à ses ancêtres, et chante la paix.

Dans Mersi et avec cette manière de donner vie aux chansons, Christine Salem a donc récolté un joli bouquet de treize titres, composés à différents moments de sa vie. Et pour chacun, il a fallu trouver la clef, les arrangements qui le feraient sonner juste. Le disque surprend par la variété de ses couleurs – du maloya, du blues, des accents rock et même un séga (Laye Laye×), cette autre musique populaire de La Réunion, aux influences européennes. Sur cet album, et parce qu’elle déteste la routine, Christine Salem a choisi comme fil rouge le violon virtuose du compositeur, arrangeur et chef d’orchestre Frédéric Norel. Ainsi, aux groove des percussions de son île, s’emmêlent les envolées du violon, d’inspiration classique. De ce mélange qui pourrait paraître artificiel, naît un monde hybride né de l’imaginaire de la chanteuse, et bâti sur la liberté qu’elle laisse à ses musiciens. 

Christine Salem participe à la 14ème édition du Festival au fil des voix en version numérique

Publicité

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Ses influences

Le Blues je l’écoute depuis que je suis très jeune, j’ai toujours été épatée par les voix hyper graves. Pour moi, c’est une musique qui rentre à l’intérieur de soi, on sent que le chanteur ou la chanteuse est habité, on sent les émotions, et c’est une musique qui me parle corporellement. On m’a souvent proposé de faire des reprises, mais pour moi, c’est très délicat, parce que je n’arrive pas à chanter pour chanter, il faut que la chanson me prenne à l’intérieur pour pouvoir faire une reprise : en fait il faut que je vive la chanson au fond de mes tripes, pour pouvoir faire ressortir les émotions. Christine Salem, chanteuse

J’ai été marquée par notre histoire, par l’esclavage, et quand à l’école on me disait que mes ancêtres étaient des Gaulois, je regardais ma couleur de peau et je disais au maître que c’était impossible. On ne nous enseignait pas l’histoire de l’esclavage, et du coup, j’étais hyper en colère contre l’éducation nationale de l’époque. Donc, je suis retournée aux sources, j’ai questionné ma mère, ma famille, et c’est comme ça que j’ai appris l’histoire de la Réunion, l’histoire de l’esclavage, et c’est ce qui a mis une sorte de haine à l’intérieur de moi, et qui a fait que, quand j’ai monté le groupe, je suis allée directement vers le maloya. Longtemps, je suis restée cantonnée à cette musique, mais en 2014, je me suis dit qu’il y avait d’autres musiques que j’aimais, et que j’avais envie d’explorer : c’est ce qui m’a amenée à cet album. Christine Salem, chanteuse

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Sa façon de composer

Quand je compose j’entends tout, j’entends les instruments, le rythme, et même si je ne lis pas la musique et que j’ai appris la musique dans la rue avec des potes, cela fait des années que je compose à la guitare. Et puis, je me suis mise à composer au piano, et là, je me suis dit que j’allais me faire confiance. Dans ce dernier album, j’entendais le violon pendant que je composais, et j’ai dit à ma manageuse que je voulais mettre du violon dans ma musique, et c’est comme ça que j’ai rencontré Frédéric Norel. En fait, la routine, ce n’est pas trop mon truc, et j’avais envie d’explorer d’autres choses, d’autres terrains, et je me suis fait confiance, je me suis laissée complètement aller dans la composition, et ça a donné cet album, avec, au final, des chansons très différentes les unes des autres. Christine Salem, chanteuse

Par les temps qui courent
1h 07

Archives

Edouard Glissant, émission "Euphonia", France Culture, 1997

Anne Sylvestre, émission "A voix nue", France Culture, 2003

Emission "Ville Monde : Saint Denis de la Réunion", France Culture, 2012

Références musicales

Christine Salem, Dolo

Christine Salem, Tyinbo

Christine Salem, Mersi

Christine Salem, Laye laye

Prise de son

Jakez Hubert

L'équipe