Deborah Levy : "Ce livre est une manière de transformer le chagrin en idées"

Deborah Levy
Deborah Levy  - Sheila Burnett
Deborah Levy - Sheila Burnett
Deborah Levy - Sheila Burnett
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A l'occasion de la parution en français de ses deux courts ouvrages "Le coût de la vie" et "Ce que je ne veux pas savoir", publiés aux éditions du sous-sol et traduits par Céline Leroy, nous recevons ce soir l'écrivaine Deborah Levy. Elle est également récipiendaire du prix Fémina 2020.

Avec

Deborah Levy est une poétesse, dramaturge et écrivaine britannique. Les lectures de Marguerite Duras et Virginia Woolf l'ont vivement encouragée à écrire. Leurs oeuvres interrogent la conquête du territoire de l'écriture lorsque l'on est une femme. En les convoquant dans ses écrits, et parmi d'autres références littéraires égrainées au fil du texte, l'auteure prolonge cette réflexion féministe à leurs côtés.

En 2013, Deborah Levy publie d'abord dans sa langue maternelle, "Things I Don't Want to Know" ("Ce que je ne veux pas savoir") en réponse à l'ouvrage "Why I write" de George Orwell.  Grâce au récit d'une fuite à Majorque, l'auteure nous fait l'écho de souvenirs d'enfance et d'adolescence liés à l'Afrique du sud, à l'apartheid, à un père -militant de l'ANC emprisonné-, aux oiseaux en cage et à l'Angleterre, comme pays d'adoption.
Plus tard, en 2018, elle publie "The cost of living" ("Le coût de la vie") qui s'inscrit dans un même projet littéraire, imaginé en trois tomes et qu'elle nomme "Living autobiography" ("l'autobiographie vivante"). Dans cet ouvrage, la narratrice a cinquante ans, un vélo électrique et surtout, au fond d'un jardin, un endroit à elle pour écrire. 

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Extraits de l'entretien

Ce qui m'intéresse c'est de créer une oeuvre littéraire parce qu'elle est proche de ce que je suis, proche d'une voix que j'ai envie de faire entendre. Avec ces livres, j'ai trouvé une manière de m'exprimer qui est à la fois intime et formelle. Pour écrire je dois ôter un masque et penser librement mais cela ne veut pas dire que je ne mets pas d'artifice. Finalement peut-être que je revêts simplement un autre masque. 

Mon but est que mon regard puisse croiser le vôtre et puis que l'on détourne, peut-être, le regard ensemble. Il y a quelque chose d'érotique dans ce moment où l'on détourne le regard, avec aussi des stratégies dans l'écriture pour essayer d'embrasser ce moment de rencontre de nos points de vue. Par ailleurs, je ne crois pas à la transparence complète, à l'idée qu'on n'ait plus aucun secret les uns pour les autres, cela rendrait la vie et la littérature très ennuyeuses.

Dans mon premier livre, je renverse l'idée que l'espace domestique nuirait aux femmes, parce qu'en fait, être l'architecte de cette atmosphère qu'on crée pour les autres est un acte de générosité. Au moment où la maison familiale est démantelée, quand une union s'achève, il faut se recréer une autre maison. Cela a été le cas dans ma vie et j'ai trouvé ce nouvel habitat, pensé pour mes deux filles, extrêmement créatif. C'est une façon d'ouvrir les fenêtres et de trouver une autre manière de vivre.          
Le troisième tome de cette trilogie s'appellera "La propriété privée", et continuera de travailler sur l'espace à soi. 

Archives 

Jean-Paul Sartre, émission "Les chemins de la connaissance", France Culture, 1975.
Marguerite Duras, un documentaire de Michèle Porte, 1976. 

Lectures 

La comédienne Clara Hédouin lit :
Un extrait du tome 1 de la Force de l'âge de Simone de Beauvoir (1953)
Un extrait de Je suis né de Georges Perec (1990)
Un extrait d'une conférence Julia Kristeva, intitulée "être mère aujourd'hui" (2005)

Références musicales

The Dane, Nils Frahm
Ringing, Nils Frahm
Familiar, Nils Frahm
Life in Mars, David Bowie

Prise de son 

Alexandre Dang 

L'équipe