Denis Lavant : "C'est un plaisir d'avoir une langue secrète, comme les enfants"

Denis Lavant, " Cap au pire"
Denis Lavant, " Cap au pire" - Cie L' Aurore boréale
Denis Lavant, " Cap au pire" - Cie L' Aurore boréale
Denis Lavant, " Cap au pire" - Cie L' Aurore boréale
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L’acteur et comédien de théâtre est à l’affiche de « Cap au pire », un texte de Samuel Beckett, dans une mise en scène de Jacques Osinski, à l’Athénée Théâtre, jusqu’au 14 janvier.

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N’y a-t-il vraiment rien de neuf à tenter ? J’ai indiqué mon espoir mais il n’est pas sérieux. Et si je parlais pour ne rien dire, mais vraiment rien ? […] Mais il semble impossible de parler pour ne rien dire, on croit y arriver, mais on oublie toujours quelque chose, un petit oui, un petit non, de quoi exterminer un régiment de dragons, écrit Samuel Beckett dans un roman, L’Innommable, publié en 1953. Sur scène, un corps, immobile, habillé de noir, une voix qui porte et fait résonner un autre texte de Samuel Beckett, plus tardif, écrit trente ans après L’Innommable. Une voix qui porte ce petit oui, ou ce petit non. Une voix pour tenter de dire encore. Et c'est celle de Denis Lavant avec ce texte de Beckett, l’un des derniers, Cap au pire, dans une mise en scène de Jacques Osinski, au théâtre de l’Athénée à Paris, jusqu’au 14 janvier.

Ce que j'apprécie chez Beckett, c'est la grande lucidité, l'avancée beckettienne, et puis l'humour. J'ai beaucoup cultivé une sorte de beckettisme, mais c'est une fréquentation pas confortable, cette avancée systématique vers le rien, le néant, l'anéantissement...

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Sur scène, je suis suspendu. Je me suis posé là. C'est un acte théâtral, mais ça a ça de particulier que c'est un texte non théâtral. Je me suis mis à scruter ce texte assidûment, à me demander comment faire. L'immobilité, c'est pas du tout mon habitude, mais ça m'intéresse toujours qu'on me donne des contraintes.

J'aime bien les langues mystérieuses, secrètes, la poésie dite "hermétique", ça vous dure longtemps. Il y a des moments sur scène où j'ai l'impression de parler un jargon que moi seul comprends. La différence avec ce texte de Beckett, pour moi, c'est de refaire le parcours d'expérimentation; dire encore, repeindre, gratter, désensabler l'image, et d'avancer avec le spectateur totalement novice dans cette langue.

Programmation musicale :

  • Michael Mantler, Many have no speech
  • John Greaves /Vincent Courtois/ Sophia Domanich,  How beautiful you are - album : The trouble happiness
  • Générique de fin, Robert Wyatt, Shipbuilding 

Théâtre de l'Athénée

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