

Rencontre avec Diadié Dembélé, à l’occasion de la parution de son premier roman "Le duel des grands-mères" aux éditions JC Lattès.
" A la maison tout le monde parle songhay, peul, bambara, soninké, senoufo, dogon, mandinka, tamasheq, hassanya, wolof, bwa. Mais à l’école, personne n’a le choix : il faut parler français." C’est par ces mots que s’ouvre Le duel des grands-mères, le premier roman de Diadié Dembélé. Cette multiplicité des langues que le narrateur de cette histoire, l’espiègle Hamet, 11 ans, parle ou entend autour de lui, et parmi lesquelles il va lui falloir se frayer un chemin. « Je veux retrouver ma langue », nous dit-il dans le prologue du livre : ce sera tout le projet de ce récit à la première personne. Envoyé dans le village de sa grand-mère pour rentrer dans le droit chemin, il va vivre une série d’aventures riche en apprentissages, qu’il nous raconte dans une langue qui n’appartient qu’à lui. Ce récit est aussi une forme d’hommage au monde paysan qui compose l’univers de ce village, et dans lequel Hamet découvrira la vérité de son histoire et peut-être aussi, l’amour passionné de l’art du récit.

Pourquoi écrire en français ?
"Au début j’avais une vision très carrée de la littérature, qui ne pouvait s’écrire que dans un langage soutenu. Finalement, le fait de me poser la question du rapport à la langue m’a permis de trouver une langue qui soit à la fois soutenue et orale. Il fallait que je puisse y retrouver quelque chose de mes personnages non francophones." Diadié Dembélé
"J’entretiens un rapport différent avec chacune des langues que je parle, et le français est une langue que je parle et que j’écris. J’écris et je parle également le soninké, mais pour moi, c’est la langue de la famille, alors que le français est la langue de la littérature. Avec elle, j’ai l’impression de ne pas mentir. La fiction, c’est toujours quelque chose que l'on invente : le français permet de dire les choses autrement, sans se trahir." Diadié Dembélé
Pourquoi un roman d’apprentissage ?
"J’ai décidé d’écrire ce roman d’apprentissage au moment où j’ai décidé de raconter l’histoire d’une seule génération, et non une saga familiale comme je l'avais d'abord envisagé. J’ai aussi beaucoup de choses en commun avec Hamet, cette histoire m’est proche, il était donc plus facile pour moi de l’écrire. D’autant plus qu’à cette époque, j’étais très habité par la question de la langue, parce que je vivais en France et que je travaillais comme interprète pour une association d’aide aux migrants. Tout cela a fait que naturellement la question de l’apprentissage, de la découverte du monde et de certaines de ses vérités sont apparues." Diadié Dembélé
Archives
Ahmadou Kourouma, émission Du jour au lendemain, Alain Veinstein, France Culture, 28/10/1998
Céline Sciamma, émission Par les temps qui courent, Marie Richeux, France Culture, 21/12/2021
Jean Rouch, émission Tous les plaisirs du jour sont dans la matinée, RTF, 29/07/1961
Références musicales
The Limiñanas, Simon
Oumou Sangare, Moussolou
Gaspard Claus, E.T
Pétula Clark, Grand-mère
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