Enerst Pignon-Ernest : "Mes images ne sont pas épinglées comme des papillons, elles n’existent que dans le lieu et dans le temps que je choisis"

Portrait Ernest Pignon-Ernest
Portrait Ernest Pignon-Ernest
Portrait Ernest Pignon-Ernest
Portrait Ernest Pignon-Ernest
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Nous recevons l'artiste plasticien Ernest Pignon-Ernest pour la rétrospective intitulée "Papiers de murs" que lui consacre l’Atelier Grognard de Rueil-Malmaison. L'exposition débutera au moment de la réouverture des espaces d'exposition, sous réserve d'autorisation gouvernementale.

Le travail d'Ernest Pignon-Ernest s'affiche aux murs depuis près de cinquante ans. Son travail a forte empreinte politique, est toujours le fruit d'une rencontre entre le lieu et l'affiche car c'est bien la réunion des deux qui produit l'oeuvre. L'exposition qui prend place à l'Atelier Grognard tente donc une retrospective chronologique, et presque exhaustive avec plus de 200 oeuvres, du travail de l'artiste avec un écho particulier car il s'agit ici d'une ancienne fabrique de plaques de cuivre, étain et zinc pour la gravure ou la photogravure. 

Avec lui on s'interroge sur l'appréhension de l'espace public par l'artiste et sur la place des images dans nos quotidiens. L'affiche par essence éphémère est vouée à disparaître et le murs deviennent des palimpsestes de nos représentations, de nos messages. 

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« Rimbaud », 1978 / 2018
« Rimbaud », 1978 / 2018
- © Ernest Pignon-Ernest / Courtesy Galerie Lelong & Co

Extraits de l'entretien

Dans cette réalité prise dans toute sa complexité je viens glisser un élément de fiction dont le rôle est de réactiver le potentiel poétique, dramatique, symbolique que porte les lieux. Il y a souvent eu un malentendu en pensant que mes œuvres étaient mes dessins, ce n’est pas du tout le cas. Si on peut parler d’œuvre pour des interventions comme la mienne, l’œuvre c’est le lieu lui-même exalté, exacerbé par la présence de mon image qui vient soit le perturber soit faire remonter à la surface sa mémoire enfouie. Au fond, je travaille beaucoup sur l’Histoire, j’essaie d’introduire l’Histoire dans l’émotion esthétique.

Alors parfois on m’a reproché un réalisme mais c’est indispensable dans mon projet. Moi au fond je voudrais que mes images soient perçues comme des empreintes. Ma référence c’est le suaire de Turin. Dans l’idée d’une empreinte il y a l’idée qu’il y a eu quelqu’un et qu’il n’y est plus. Une présence et une absence.

Mes images sont soit des dessins originaux, au fusain, à la pierre noire, soit des sérigraphies qui sont faites sur du papier journal vierge, des chutes de rotatifs. Et quand on perçoit mes images on voit qu’elles sont fragiles, qu’elles vont disparaître. Et quelques fois on me demande si cette fragilité ne m’embête pas. Mais au contraire, cette fragilité, ce caractère éphémère est un élément suggestif qui compte autant que le dessin lui-même.

Archives

Jacques Roubaud, émission « Peinture fraiche », France Culture, 2002.

Samy Simon introduit la voix de Robert Desnos de 1938, émission "Archives autour de Robert Desnos", RDF, 1955.

Référence musicale

Colette Magny - Richard II Quarante

Prise de son

Laurie Vachon

Générique de fin

Charlie Haden - Song for Che

L'équipe