

L'auteur évoque le côté existentiel de sa BD, conçue comme une odyssée aux marges d'une cité et comme le parcours d'une vie. Il nous explique également sa recherche permanente de l'équilibre entre le conscient et l'inconscient, entre le dessin et la couleur, ainsi que sa gourmandise du monde.
- Fabrizio Dori dessinateur
Nous recevons Fabrizio Dori à l'occasion de la parution de sa bande dessinée "Le dieu vagabond", aux éditions Sarbacane.
L’auteur nous offre une plongée dans le monde antique. Dernier de sa lignée divine, Eustis le satyre mène une vie oisive dans le monde moderne. Lorsqu'il apprend que d'autres dieux ont survécu, il part à la recherche de son ami Pan.

Mon idée, c’était de traiter des personnages aux marges. C’est pour cela que je les ai situés en dehors de la cité, qui est toujours au loin. La cité, c’est le lieu de la vie humaine et tous mes personnages sont en marge de cette vie. La marge, c’est un peu comme le conscient et l’inconscient de l’âme. Dans l’inconscient on peut trouver des trésors, de l’énergie, mais aussi des peurs, et j’aime cette polarité. J’essaie toujours de trouver l’équilibre entre le conscient et l’inconscient.
Dessiner, c’est un acte très intellectuel, parce qu’il s’agit de capturer la réalité avec une ligne, fermer des formes. Le dessin, c’est une façon rationnelle de penser, alors que la couleur, c’est le chaos. Je cherche toujours l’équilibre entre une forme claire et une couleur très puissante.
La culture occidentale a deux racines : la grecque et la chrétienne, mais celle qui a gagné le combat culturel c’est celle de la chrétienté, ce qui fait donc que la culture de la grécité, est, elle aussi, aux marges. Ce qui divise le monde chrétien et le monde grec, c’est que pour les Grecs, les dieux sont immortels et les hommes sont mortels, alors que pour les chrétiens, c’est l’homme qui est immortel. Dans la grécité, il y a l’idée de la limite, de la fin et de la mort et ça change tout dans la façon d’affronter la vie et dans la façon de penser. Je trouve que cette idée de limite est très importante dans le moment historique que nous vivons.
Je n’ai pas le mythe du beau dessin, ce qui me bouge, c’est la puissance d’une image. La narration c’est une structure, une architecture, mais c’est aussi une musique qui doit bien fonctionner dans le temps. Mes dessins sont longuement travaillés, il n’y a pas beaucoup de synthèse, mais là aussi, j’ai trouvé un équilibre entre la beauté du dessin, la musicalité et la narration.
Lecture
Antonin Artaud, Van Gogh, le suicidé de la société, lecture par Christine Tissau
Archives
Jean-Pierre Vernant, émission « Le bon plaisir », France Culture, 1994
Mézières, émission « Nuits magnétiques », France Culture, 1980
Benoît Peeters, émission « Secret professionnel », France Culture, 2013
Marcel Detienne, émission « A voix nue », France Culture, 1989
Références musicales
Philippe Gleizes, Jean-Philippe Morel et Thomas de Pourquery, Et depuis dans les ruines des rues
Benoît Delbecq et Antonin Tri Hoang, Herbes luisantes
VKING, Pourquery et Maxime Delpierre, Mary
Limousine, La Gaviota
Prise de son
Emmanuelle Maurs d’Incamps
L'équipe
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