Nous recevons la jeune romancière Fatima Daas, auteure de « La petite dernière », premier roman très remarqué de cette rentrée littéraire 2020.
- Fatima Daas Romancière
Marie Richeux s’entretient avec Fatima Daas, dont le premier roman La petite dernière paraît aux éditions Noir sur Blanc, dans la collection Notabilia.
Fatima Daas vit dans une famille musulmane pratiquante originaire d'Algérie. Habitant à Clichy-sous-Bois, elle est une élève instable puis une adulte inadaptée. Etouffée par un environnement où l'amour et la sexualité sont tabous, elle est remarquée pour son talent d'écriture et commence des études littéraires, tout en découvrant son attirance pour les femmes.
Extraits de l'entretien
Fatima, c’est un personnage qui se cherche constamment, qui performe, qui ment, et qui se retrouve dans une situation où elle est obligée de jouer continuellement un rôle avec tout le monde. En fait, elle n’a pas le choix, elle n’est pas libre de ne pas mentir. Fatima Daas
J’avais envie d’incarner ce personnage, de porter cette histoire, et donc de prendre le nom de cette narratrice, de ce personnage et d’en faire un peu mon histoire. La petite dernière, c’est un peu moi, mais c’est aussi beaucoup de personnes que j’ai rencontrées. Ca concerne toutes les personnes qui ne se sont pas senties à leur place, qui ont dû mentir, qui ont dû jouer un rôle, qui sont arrivées à un moment donné de leur vie à devoir choisir : n’être que lesbiennes, que musulmanes, qu’une bonne élèves ou que Clichoises. Pour moi, ce roman est un cri de liberté, une façon de pouvoir déconstruire les cases. Peut-être que la littérature apporte cet endroit-là, où on peut exister avec toutes ses facettes multiples et contradictoires, qui font mal et qui questionnent. Fatima Daas
Ce texte est né de la colère et de la honte, mais aussi de la tendresse. Au début, c’était un texte né de l’urgence d’écrire. Mais, j’ai mis deux ans à l’écrire, et au bout d’un moment, j’ai eu besoin de revenir au texte autrement, de me distancer, d’en faire quelque chose qui ne fasse pas que violence, mais qui puisse également exprimer la complexité des identités. J’ai écrit un premier texte sur mon rapport à l’Islam, et toute de suite il y a eu cette contradiction entre l’homosexualité, ma propre croyance et ma pratique. Ce texte était assez douloureux à écrire, et à lire il frappait beaucoup, d’abord moi, puis les autres. Mais au bout d’un moment, je me suis rendu compte que ça ne m’intéressait pas d’écrire un texte qui frappe uniquement : j’avais besoin de prendre de la distance avec tout ça. A un moment donné, quand on intègre de la fiction, on n’a plus le même rapport à l’écriture. Je n’avais pas envie d’écrire un journal intime, mais j’ai plutôt envie de faire de la littérature. Fatima Daas
Lecture
Paul B. Preciado, Un appartement sur Uranus (Grasset)
Archive
Marguerite Duras, émission "Inter lire", France Inter, 1987
Références musicales
Limousine, Ubon train station
Fiona Apple, Ladies
Prise de son
Delphine Baudet
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