

A l'occasion de son exposition “Activations”, l'artiste nous parle de la poésie de la matière, de bocaux dans lesquels cette matière est donnée à voir comme un acteur de cinéma et de paysages conçus comme des supports de rêve.
- Hicham Berrada artiste
Faire surgir des formes, les inviter à apparaître plutôt que les représenter : c'est le principe directeur de la deuxième exposition personnelle d'Hicham Berrada présentée à la galerie Kamel Mennour à Paris, du 07/03/2019 au 13/04/2019.

« Présages » est une série que j’ai commencée depuis une dizaine d’années , et l’idée de base, c’était de partir d’un bocal vide que je considère un peu comme une toile blanche, dans lequel j’activerais différentes réactions chimiques et physiques de façon à faire naître un paysage en un temps donné. L’idée est de remplacer la connaissance qu’un peintre pourrait avoir de ses pinceaux, de ses pigments, par la connaissance du monde chimique, et de créer une sorte d’écosystème, même s’il n’y a rien de vivant, quelque chose qui fait penser au paysage. Le paysage est un mot qui m’intéresse beaucoup et qui me sert à réfléchir au rapport entre l’homme et la nature. Pour moi, un paysage fonctionne quand il ressemble à une composition de peinture que j’ai surement dû déjà voir.
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A l’atelier, je cherche toujours de nouveaux paysages et ensuite vient la phase où, quand un paysage me plaît, j’essaie d’en saisir tous les paramètres et d’en créer une sorte de morphogénèse. Ce qui m’intéresse c’est la métamorphose, mais surtout la morphogénèse, le fait que des formes peuvent apparaître, et qu’il n’y ait pas forcément d’humain pour sculpter les choses.
Tout mon travail est dans des boîtes, des cloches, dans des aquariums fermés, car il y a une grande similitude entre le cadre en histoire de l’art, et la boîte en laboratoire : ces boîtes vont permettre de révéler d’autres petits mondes en puissance.
J’essaie de montrer les changements que la matière peut subir, j’aime qu’il y ait toujours quelque chose à l’œuvre. Puisque les choses sont amenées à bouger, j’essaie de comprendre comment elles bougent, pour les faire bouger comme je le veux.
En laboratoire on subit le temps. Mais par des biais détournés, on peut modifier la perception du temps du regardeur. J’aime que le temps du regard puisse consommer l’œuvre. Mes installations sont souvent composées de pièces qui enferment et qui imposent une temporalité différente, c’est comme mettre le spectateur dans le bocal.

Lecture
« Mémoires » de Berlioz, publiées en 1870
Archives
Daniel Arasse, émission « Les chemins de la connaissance », France Culture, 2000
Bill Viola, émission « Surpris par la nuit », France Culture, 2005
Gaston Bachelard, émission « Causeries sur l'Alchimie », RTF, 1954
Gérard Fromanger, émission « Hors champs », France Culture, 2016
Références musicales
Eric La Casa, Chrysalithe
Brain Damage, Metroconversation
Informations complémentaires
L'équipe
- Production
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- Réalisation
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