Isabelle Lafon : "Penser le théâtre, c’est peut-être poser des questions un peu à côté"

"Je pars sans moi", création d'Isabelle Lafon, Théâtre de la Colline, 2023
"Je pars sans moi", création d'Isabelle Lafon, Théâtre de la Colline, 2023 - Laurent Schneegans
"Je pars sans moi", création d'Isabelle Lafon, Théâtre de la Colline, 2023 - Laurent Schneegans
"Je pars sans moi", création d'Isabelle Lafon, Théâtre de la Colline, 2023 - Laurent Schneegans
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Isabelle Lafon met en scène "Je pars sans moi", visible jusqu’au 12 février au Théâtre National de la Colline. Le texte du spectacle est inspiré des œuvres du psychiatre Gaëtan de Clérambault et des écrits de Fernand Deligny. Entretien.

Avec

À partir des mots d’une femme internée en 1882 à Saint-Anne, parus dans la revue l’Encéphale sous le titre Impressions d’une hallucinée, Isabelle Lafon et Johanna Korthals Altes nous dirigent aux frontières du désarroi mental. Imprégnées de ces écrits et de rencontres avec des psychiatres, des enfants ou des adultes hospitalisés, elles font de ces récits une traversée personnelle et délicate vers la folie, d’où surgissent des confidences, subversives et furieuses. Un spectacle ou folie et normalité se mêlent pour apprendre à s’écouter et à se rencontrer.

Retrouvez les informations sur la pièce ICI.

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"Je pars sans moi", création d'Isabelle Lafon, Théâtre de la colline, 2023
"Je pars sans moi", création d'Isabelle Lafon, Théâtre de la colline, 2023
- Laurent Schneegans

Une parole sans filtre

"Pour ce spectacle, il fallait que dès le début, Johanna Korthals Altes et moi-même soyons comme dans nos têtes, que l’on ne cache rien et que ce soit comme une parole à vif, ce qu’on peut parfois rencontrer chez des personnes qui sont fragiles mentalement. On voulait une parole qui se dit et qu’on se parle vraiment de la peur, de notre séparation par rapport à la folie, de souvenirs d’enfance jamais révélés etc… Je pense que celle qui pouvait nous propulser vers ça, c’est cette femme malheureusement anonyme qui a écrit "Impressions d’une hallucinée". J’ai eu l’intuition, qu’il fallait partir d’elle, pour aller ailleurs."

Toute une vie
58 min

S’abandonner au théâtre

"Fernand Deligny est d’une audace incroyable, et lui est vraiment allé hors institution. Il est parti dans les Cévennes et tout le monde s’est mis à lui envoyer ces enfants dits incurables. Il a pris ce risque-là et à partir de son exemple on s’est demandé ce qu’on pouvait lâcher, ce qu’on pouvait dire, y compris des choses dérangeantes, de nous ou d’autres personnes. On a fini par se demander ce qui pouvait vraiment s’abandonner au théâtre et passer d’une chose à l’autre sans que cela pose de problèmes de sens."

Archives

Patrick Laupin, émission Du jour au lendemain, Alain Veinstein, France Culture, 09/10/2007

Jean Oury, émission Profils perdus, Cécile Hamsy, France Culture, 28/09/1989

Fernand Deligny, commentaire du film Ce gamin-là, 1975

Antoine Vitez, émission La mise en scène est-elle une écriture ?, Yvonne Taquet, France Culture, 07/08/1972

Références musicales

Cosmo Shelldrake, Owl Song

Dino Saluzzi, Adios Maestro Kancheli

Lhasa, Rising

L'équipe