Joe Sacco : "Ce livre est une anthropologie de l'Occident"

Joe Sacco au mémorial de Beaumont-Hamel, France, 06/06/2014
Joe Sacco au mémorial de Beaumont-Hamel, France, 06/06/2014 ©AFP - Philippe HUGUEN
Joe Sacco au mémorial de Beaumont-Hamel, France, 06/06/2014 ©AFP - Philippe HUGUEN
Joe Sacco au mémorial de Beaumont-Hamel, France, 06/06/2014 ©AFP - Philippe HUGUEN
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Dix ans après la parution du très remarqué "Gaza 1956", le reporter-dessinateur revient à la bande dessinée de reportage avec son album "Payer la terre" qui paraît chez Futuropolis. Il nous raconte sa rencontre avec les Dénés, leur culture et la tentative de destruction dont elle a été victime.

Avec
  • Joe Sacco Journaliste et auteur de bande dessinée

En 2015, Joe Sacco, l'auteur de Gaza 1956 et Gorazde, reprend ses carnets de reporter-dessinateur, et part à la rencontre des Dénés, dans les territoires du Nord-Ouest du Canada.  Dans ce livre, l'auteur raconte en images l'histoire de ce peuple autochtone, ses traditions et ses premières rencontres avec les Anglais. 

A noter que, le lundi 3 février 2020, Joe Sacco fait escale à la Bpi dans le cadre de sa tournée européenne.

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Extrait de "Payer la terre"
Extrait de "Payer la terre"
- Joe Sacco/ Editions Futuropolis

Extraits de l'entretien

L'histoire de Paul Andrew est une histoire calme et magnifique, et je voulais la raconter exactement comme il me l'a racontée. Il était très calme, mais une phrase après l'autre, en déroulant son histoire, j'avais envie de montrer ce rythme. Normalement, je mets les mots dans les cases, mais là, j'avais envie de libérer les mots de ces cases, parce que je pense que finalement, ces cases sont une façon abstraite de représenter la pensée occidentale.  

Etrangement, je voulais aller là-bas pour échapper aux territoires de conflit, mais, ce que j'ai appris en faisant ce livre, c'est qu'on n'y échappe jamais. En fait, c'était une histoire de conflits. Mon idée de départ était de faire un livre sur les peuples autochtones, et l'extraction des ressources naturelles, et de montrer les liens entre les deux. Et pendant que j'y travaillais, il m'a paru évident que le livre parlait d'une chose beaucoup plus large : il parlait de colonialisme, de colonisation, et de la manière dont celle-ci continue à avoir un impact, même quand on croit qu'elle est finie.   

Quand je suis allé faire ce livre, j'avais entendu parler des pensionnats, mais ce qui m'intéressait, c'était l'extraction des ressources naturelles. Mais, on ne peut pas fermer les yeux sur ce qui s'est passé. Les pensionnats indiens ont été une tentative de briser et détruire la culture des Dénés. Une commission qui a étudié cette question l'a qualifiée de génocide culturel. Quand on a ce type d'impact des autochtones et qu'on brise leurs liens avec leur terre natale, cela a pour conséquence qu'ils ont beaucoup de mal à unir leurs voix contre ceux qui les oppriment. 

Archives

Denys Delage, émission "A voix nue", France Culture, 2008

Benoît Peeters, dans les rencontres des écrivains francophones, France Culture, 2000

Marc Trivier, émission "Les nuits magnétiques", France Culture 1992

Moebius, émission "Eclectik", France Inter, 2011

Références musicales

Dene Singers, Round Dance Song

Sean Christopher, Oheja

Prise de son

Sylvain Latu

Traduction

Marguerite Capelle

Vous pouvez écouter et/ou podcaster cet entretien en cliquant sur le lien ci-dessus

L'équipe