Joël Pommerat : " Depuis que j’écris, je suis obnubilé par la notion d’une œuvre ouverte, construite à plusieurs"

"Ca ira (1) Fin de Louis" de Joël Pommerat
"Ca ira (1) Fin de Louis" de Joël Pommerat - @Elisabeth Carecchio
"Ca ira (1) Fin de Louis" de Joël Pommerat - @Elisabeth Carecchio
"Ca ira (1) Fin de Louis" de Joël Pommerat - @Elisabeth Carecchio
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Pour sa pièce « Ca ira(1) Fin de Louis » au théâtre de la Porte St-Martin jusqu’au 16 juin, il aborde son envie de mettre en scène l'art oratoire, l'idée de construire une oeuvre à plusieurs, le dilemme de présenter les masses sur scène, et la résonance de la pièce dans le contexte actuel.

« Ça ira (1) Fin de Louis » est une fiction politique contemporaine inspirée du processus révolutionnaire de 1789. Qu’est-ce qui pousse des hommes à renverser le pouvoir ? Quels nouveaux rapports instaurer entre l’homme et la société, les citoyens et leurs représentants ? Entre fiction et réalité, la pièce raconte cette lutte pour la démocratie.

"Ca ira (1) Fin de Louis" de Joël Pommerat
"Ca ira (1) Fin de Louis" de Joël Pommerat
- @Elisabeth Carecchio

Le point de départ de ce projet, c’était l’envie de mettre en scène des gens faisant des discours, se mettant à exprimer une pensée publiquement. Je trouve que c’est quelque chose d’assez fascinant et théâtral. Je ne voulais pas imiter le discours politique, mais j’avais envie de chercher en profondeur ce que c’est que d’être politique dans une parole, dire des choses les plus profondes possibles, et les dire d’une manière suffisamment simple. Et en même temps, je voulais montrer la condition du politique, à savoir, ne pas parler gratuitement et vouloir absolument remporter le match de la compétition des idées.

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Je me suis toujours détaché de l’idée que le théâtre était le lieu du verbe et de la parole, et que c'était ce qui en faisait son essence. Je ne crois pas à la parole comme instrument de la vérité et de la justesse. Ce n’est pas directement la parole qui produit du sens, toutes les paroles de ce spectacle sont des actions magistrales. Il me semble que je fais un théâtre d’action. 

L’écriture du spectacle va plus vite que dans la vie, où il y a plus de temps morts ou de temps creux. Ce spectacle, c’est comme un autobus lancé à cent à l’heure, dans lequel le spectateur peut être agacé, agité ou excité, et avoir envie de s’exprimer. D’ailleurs, on l’invite à le faire.

Au théâtre, le spectateur vient avec sa grille d’interprétation de tout ce qui va lui être présenté, et j’avais cette illusion qu’on allait pouvoir partager un objet commun.  Mon travail, c’est d’évaluer la façon dont le spectateur regarde ce que je lui montre. Je réfléchis à la façon majoritaire dont les gens vont interpréter telle ou telle chose, et j’essaie de construire quelque chose avec ça.

Archives

Denis Guenon et Bernard Stiegler, émission « Surpris par la nuit », France Culture, 2006

Olivier Neveux, émission « Une saison au théâtre », France Culture, 2017

Jean-Clément Martin, émission « Du grain à moudre », France Culture, 2008

Références musicales

Charlie O, Matines

Bertrand Belin, Grand duc

Prise de son

Fabien Capel

L'équipe