Joris Lacoste : " Comment ne pas devenir fou en étant en permanence traversé par tous ces discours ? "

"De grands rideaux blancs tombent sur chacun des côtés de la scène. Piano à queue. Pupitre. Deux interprètes s'avancent. Costume pour lui, et robe rouge, caraco assorti, talons en velours pour elle. On est en terrain connu. Un récital s'ouvre dans une grande ville européenne. C'est le soir et dehors, les lumières de Noël sont accrochées aux arbres. Voilà. Sauf qu'il n'est pas une note d'un lied de Schubert pour se glisser dans la bouche des chanteurs. La première chose qu'ils diront, leurs voix soulignées par le piano, c'est un discours du ministère de l'intérieur français indiquant les mesures à suivre en cas d'attentat. D'un seul coup, les codes vacillent, et position latérale de sécurité, appel des secours, faire un garrot... tout ça se met à sonner autrement. Qui parle vraiment à qui ? Dans quel langage ? Est-on sûr de comprendre ? de partager quelque chose ? Suivront, des discours politiques, des monologues de chaînes youtube, des canulars radio, des prêches religieux, des vidéos de coaching, à chaque fois dans des idiomes différents. Symphonie d'un nouveau monde et Suite n°3, avec L'encyclopédie de la parole. Cela se joue dans le cadre du Festival d'Automne à Paris, à l'Espace Cardin, puis en tournée prochainement."

C'était intéressant de nous imposer cette discipline : aller écouter ce qu'on n'a pas envie d'entendre. Ca nous semblait une manière assez basique de questionner la démocratie.

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Je crois qu'il faut travailler à partir du langage qui nous traverse tous les jours et trouver des manières de le recomposer, de le refaire entendre différemment afin de pouvoir survivre.

Programmation musicale :

• Bertrand Belin, La nation
• Générique de fin. Vick Chessnut, Folder on her wings 

F estival d'Automne à Paris