En ces temps de contraintes sanitaires, nous recevons à distance Laurent Gaudé, à l’occasion de la parution de son nouveau récit « Paris, mille vies » aux éditions Actes sud.
- Laurent Gaudé Romancier, poète et dramaturge
Dans Paris, mille vies, le narrateur, guidé par une ombre fantomatique, déambule dans le Paris nocturne, sur la trace de souvenirs proches ou lointains, évoquant des figures littéraires comme François Villon et Victor Hugo. Un récit méditatif à la croisée de l'autofiction et du fantastique. Laurent Gaudé esquisse un art poétique. Il célèbre sa ville et se souvient, à la fois sincère et discret, heureux d’être un parmi les hommes, l’une des mille vies qui toutes, et pour tous, sont un peu de ce que nous sommes, nous devancent, nous accompagnent, nous prolongeront.
Extraits de l'entretien
La culture, porte en elle quelque chose de l’âme d’un pays, en tout cas, quand ce pays le veut, et c’est dommage, que durant cette période difficile, notre pays ne le veuille pas plus. La situation actuelle nous met dans une place, celle de la cerise sur le gâteau. Tout mon combat, les endroits où je vais depuis dix ans, les médiathèques, les prisons, les lycées, toute cette démarche de l’accompagnement de l’écriture, s’inscrivent dans quelque chose de plus vaste que mon secteur personnel. Il y a un supplément d’âme dans la culture. Laurent Gaudé
Publicité
Cette promenade dans Paris, où les frontières sont abolies, entre le passé et le présent, les morts et les vivants est à l’image de la réponse à cette question : « Qui es-tu, toi ? ». Pour répondre à cette question, il faut tout embrasser du regard, et tout convoquer. Ma littérature est rarement du côté du murmure, elle est plutôt du côté d’une forme de profération, elle porte du muscle, de l’énergie, de la voix forte, et je suis sensible à cela. J’ai un penchant pour cette espèce de vibration plus forte, qui m’emmène dans l’écriture vers d’autres territoires, qui sont plus ceux de l’épopée que du récit feutré. Laurent Gaudé
Pour le texte, il était important que la ville se vide, et la nuit, il y a un silence qui est de l’ordre d’une autre nature, elle se peuple d’autres présences. La nuit, c’est un autre monde, c’est ce qui fait son charme. Laurent Gaudé
Dans une grande ville comme Paris, la journée, la vibration que l’on ressent c’est celle des vivants, c’est la foule, les voitures, les commerçants, et cette vibration elle s’impose. Dès que la nuit tombe, on a l’impression qu’il y a de la place pour l’émergence d’une autre vibration, celle qui nous connecte au monde des morts, et je pense que Paris porte ça en elle, notamment par le biais de ces plaques qui sont parfois sur les façades des immeubles. C’est quelque chose qui m’a toujours bouleversé et que je regarde avec attention quand je marche dans Paris. Comment une ville a envie d’être lue et de se créer une mémoire dont elle est fière, et dont elle a envie de garder trace. C’est d’abord ça la présence des morts, c’est d’être à un coin de rue, et de se rendre compte qu’un poète ou un écrivain a vécu dans cet immeuble. Tout d’un coup, il y a tout un monde qui surgit. Laurent Gaudé
Archives
Les insoumis de la nuit, émission "Sur les docks", France Culture, 2015
Judith Perrignon, émission "Les nuits de France Culture", 2020
Références musicales
The House of love, Who by fire
Edith Piaf, Sous le ciel de Paris
Lectures
Laurent Gaudé, Paris, milles vies (éditions Actes sud)
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Réalisation
- Réalisation
- Collaboration
- Production déléguée