Mâkhi Xenakis: "Quand j'ai rencontré Louise Bourgeois dans les années 80, pouvoir m'identifier avec une femme artiste de l'ampleur des hommes artistes de l'époque était exceptionnel"

Première de couverture de "Louise, sauvez-moi!"
Première de couverture de "Louise, sauvez-moi!"
Première de couverture de "Louise, sauvez-moi!"
Première de couverture de "Louise, sauvez-moi!"
Publicité

Mâkhi Xenakis fait paraître chez Actes Sud « Louise, sauvez-moi ! », recueil de conversation avec Louise Bourgeois (1988-2009). Mâkhi Xenakis expose par ailleurs ses œuvres à la Maison des Arts de Châtillon jusqu’au 24 juin.

Avec

Qui guide l'aveugle qui guide l'aveugle ? Qui tient la main de celle qui tient la main de celle ou celui qui ne voit pas? Les mythes. Les mythes nous tiennent la main dans les endroits aveugles de notre vie. Dans les trop grandes villes qui nous impressionnent. Dans les certitudes qu’il est encore impossible à partager. Par exemple, Antigone a attrapé le bras de Mâkhi Xenakis en plein New York, alors qu'elle avait peur d’égarer l’homme qu'elle aime, qu’un début de conversation absolument essentielle se dessine avec l’artiste Louise Bourgeois et qu'elle se prépare à être découverte pour ses dessins et ses sculptures. Elle remonte le fil du temps, peut-être près d’Ariane cette fois-ci, dans un livre, Louise, sauvez-moi, publié aux éditions Actes Sud. Et expose en ce moment son travail à la Maison des arts de Châtillon, en région parisienne, à l' Espace des femmes à partir du 31 mai, ainsi qu'à la Poppy and Pierre Salinger Fondation (84).

Je me suis constituée avec mon père et Louise. Maintenant qu'ils ne sont plus là, ils ne m'embêtent plus, mais toute la nourriture qu'ils m'ont donnée est toujours là. 

Publicité

Dans le dessin et l'écriture les idées sont fugaces, c'est plus des sensations, des impressions, des émotions.  Dans l'écriture, les mots permettent d'attraper le réel et de fixer les idées. 

Quand j'ai rencontré Louise Bourgeois et que j'ai pu avoir cette relation privilégiée avec elle, d'artiste à artiste, pouvoir m'identifier avec une femme artiste de l'ampleur des hommes artistes de l'époque était exceptionnel. Je n'avais jamais compris à quel point c'était énorme de pouvoir s'identifier à quelqu'un qu'on admirait qui soit une femme. 

En m'envoyant prendre des photos au lycée Fénelon, Louise Bourgeois pressentait qu'il y avait des choses que j'étais capable de trouver parce que j’étais sensible à son travail, mais qu'il ne fallait pas que je lui montre. C'était encore ce jeu de l'aveugle guidant l'aveugle. 

L'émotion et la peur nous rassemblaient. Et de voir l'autre en face de soi qui avait autant peur était rassurant. On fonctionnait quand même, on vivait quand même. Mais il y avait cette peur en permanence chez nous. 

Programmation musicale:

  • Lhasa, The Lonely Spider
  • Jeanne Moreau, L'enfant en moi

L'équipe