A travers son livre « Les enfants de l’aurore » qui paraît aux éditions Fayard, l'auteure nous montre l'ambivalence de l'adolescence, le mouvement qui lutte contre l'immobilité, la cruauté des émotions et l'importance des petits riens vivants qui tiennent et ne lâchent rien.
- Marie Cosnay Écrivaine et traductrice
L’auteure livre le récit d'exil de trois adolescents inspirés de personnages mythiques de l' Iliade : Rhésos, Achille et Memnon. Le premier, fougueux et plein de vie, vient des confins de la Bulgarie et de la Turquie. Le deuxième, très beau, a quitté la Haute Egypte. Le dernier, enfin, est grec. Au destin funeste de ces jeunes hommes partis pour Troie, se mêle une réflexion plus contemporaine sur l'immigration.
Tous les personnages de mon livre son autant animés d’un désir de vie que d’une pulsion de mort. Il n’y a pas d’aventure sans goût de la mort, sans risque absolu. Cette ambivalence-là, on pourrait dire que c’est une espérance doublée d’une désespérance qui est son calque parfait. Ce sont les personnages qui m’intéressent le plus, parce qu’ils sont toujours complexes et plus proches de ce qu’est notre vie au jour le jour. Je les comprends, ils vivent des aventures qui peuvent nous sembler, ou qui sont, héroïques, et qui sont celles des garçons qui passent par chez nous et qu’on appelle réfugiés ou migrants.
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Avoir lu ces textes, ça m’a permis d’entendre autrement et de voir autrement les géographies et les empêchements. Mon chemin vers ces textes il s’est fait sans choix, et je revendique le non choix autant que le reste, c’est-à-dire qu’on est à l’école, dans une sorte de moule, qui fait qu’on fait du latin, et puis on n’est pas trop mauvais, alors on fait du grec. Je ne vois pas le moment où quelqu’un me dit : « tu devrais faire des lettres classiques ». Certes, il y a eu des rencontres, des profs, et en continuant, il y a eu un attachement pour la chose qui se fabrique petit à petit. Après, trouver à l’intérieur de ces textes-là de quoi fabriquer mes jours et les faire tenir, ça a marché.
Aujourd’hui, l’enfance a beau être protégée, les adolescents migrants ne le sont pas, ils sont dehors, pour la plupart, ils ne sont pas pris en charge comme les autres enfants par l’aide sociale à l’enfance des départements, ou alors c’est tout un tas de bagarres juridiques pour qu’ils le soient. Je les ai rencontrés et oui, ils sont davantage dans nos maisons que protégés par l’aide sociale à l’enfance, et cela pose tout un tas de questions. En fait, ils sont arrivés parce qu’ils n’avaient pas le choix, et pour eux a commencé une dure lutte contre et avec l’administration.
Archives
Wajdi Mouawad, émission « L’heure bleue », France Inter, 2018
Vincent Delecroix, émission « Les nouveaux chemins de la connaissance », France Culture, 2008
Références musicales
Eric La Casa, Tapis sombre
Sigur Ros, Ba Ba
Sages comme des sauvages, Les jeunes des villes
John Cage, The unavailable memory of
5 Little elephants, Unclear’s song
Prise de son
Olivier Dupré
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