Marie Vingtras : "Ce livre est le reflet de ma vision fantasmagorique de l’Amérique"

Marie Vingtras
Marie Vingtras - Patrice Normand
Marie Vingtras - Patrice Normand
Marie Vingtras - Patrice Normand
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Nous recevons l’écrivaine à l’occasion de la parution de son premier roman "Blizzard" aux éditions de l’Olivier.

Un jour, une femme lâche la main d’un enfant dans la tempête et c'est l'histoire de disparitions qui se répondent dans le temps, des douleurs et des violences qui se perpétuent, des pactes que l’Amérique passe avec le diable. En pleine tempête, est-il sage d’aller chercher refuge dans la maison des morts ? C’est l’une des questions que soulève Blizzard, le premier roman de Marie Vingtras notre invitée de ce soir.

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Extraits de l'entretien

"L’Amérique est pour moi comme une dystopie, je ne la connais que par le prisme de la littérature et des films. Je la vois à travers un prisme un peu déformé, elle forme une image parfois attirante et parfois extrêmement effrayante. Il ne faut pas chercher de vérité dans ce livre, ce n’est ni un livre sur l’Alaska, ni un livre sur le Vietnam, mais il est ma propre Amérique fantasmagorique et fantasmée quelque chose de beau et monstrueuse en même temps.  Chaque personnage a son récit inscrit dans l’histoire de l’Amérique, et ils sont seuls avec ce que l’Amérique a fait d’eux. Pour moi, le décor est fondamental, et je ne pouvais pas le situer dans une autre zone du monde où le blizzard peut également être très fréquent comme le Canada : il fallait que cela se passe en Amérique." Marie Vingtras

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"La culpabilité était vraiment le thème que je voulais aborder. Je voulais évoquer toutes les formes de culpabilité, et montrer à quel point la vie peut être gâchée par ce sentiment. Je me suis surement inspirée de gens que j’ai pu croisés, et qui n’ont pas vécu, parce que ce sentiment occupait tout l’espace. Il me semble aussi, que les petites filles apprennent à culpabiliser très tôt, c’est une culpabilité très induite. J’ai moi-même mis une quarantaine d’année avant de comprendre que je n’avais pas commis de faute. J’ai l’impression que les hommes culpabilisent parfois, mais que ce n’est pas de l’ordre de l’automatisme. Le personnage de Bess s’est glissé dans le costume de coupable, mais l’est-elle vraiment ? On ne sait pas."  Marie Vingtras

"J’ai mis un certain temps avant de réaliser que le blizzard était le cinquième personnage du livre. Il est le plus puissant, il empêche toute fuite, et il contraint les personnages à avancer en eux-mêmes. C’est un personnage dont la colère s’apaise, au fur et à mesure que le travail introspectif se fait chez les quatre autres protagonistes. Le fait que le blizzard se dissout petit à petit, alors que les histoires de chacun s’éclaicissent, c’est à la fin du roman que je me suis aperçue que j’avais corrélé les deux moments."  Marie Vingtras

J’essaie de prendre ce livre comme quelque chose qui m’a échappé, et sur laquelle j’ai une prise très limitée : c’est un objet à la fois familier et étranger.

Archives

Toni Morrison, émission Hors champs, Laure Adler, France Culture, 30/10/2012

William Faulkner, RTF, 1955

Alain Damasio, émission Mauvais genres, François Angelier, France Culture, 14/05/2005

Références musicales

Tanya Tagaq, Umingmak

Sophie Hunger, Le vent nous portera

Gaspard Claus, Hobbi

Maurice Marius, La tempête

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