Marin-Monique Robin : "Le rachat de Monsanto par Bayer, c'est le mariage des affreux" .

Les premières a se présenter à la barre sont deux mères de famille. Leurs enfants sont nés avec une malformation congénitale de la trachée. La première petite a manqué s'étouffer au sein de sa mère dans les premières heures de vie, et il a fallu au second une cinquantaine d'opérations pour prétendre à une enfance à peu près normale. Les deux femmes ont fait usage au tout début de leur grossesse d'un herbicide total dont le brevet a été déposé en 1974 par la firme Mosanto, et maintes fois imité, dès le brevet tombé au début des années 2000. Le procès dans lequel ces femmes témoignent est un procès d'initiative citoyenne, avec de vrais juges, avec surtout de phénoménaux enjeux. À la barre, viendront parler des scientifiques, d'autres familles, des enquêteurs, mais personne au nom de la grande firme.

Pendant deux ans, on a monté ce tribunal, c'était un vrai tribunal, avec de vrais juges, on avait choisi la ville de La Haye, pas par hasard.

J'ai filmé, j'étais en charge d'identifier tous les témoins ; pas seulement en France, il fallait aller un peu partout dans le monde ; aux US, en Argentine, au Sri Lanka... : établir un lien entre le dégât dénoncé et l'utilisation d'un herbicide à base de glyphosate.

Aujourd'hui, le glyphosate, c'est l'herbicide le plus vendu dans le monde. Il faut interdire cette molécule parce qu'elle et très dangereuse, mais on ne peut pas dire que cela ; il faut proposer autre chose. 

On est confronté à ça : une"science prostituée", une science qui travaille au service d'intérêts privés. On est en face d'une "fraude scientifique".