Milo Rau :"L'important, c'est vers où nous porte la violence émotionnellement"

Milo Rau lors du festival d'Avignon 2018
Milo Rau lors du festival d'Avignon 2018 ©AFP - Boris Horvat
Milo Rau lors du festival d'Avignon 2018 ©AFP - Boris Horvat
Milo Rau lors du festival d'Avignon 2018 ©AFP - Boris Horvat
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Le metteur en scène suisse est de retour au théâtre pour sa dernière création « Oreste à Mossoul » au théâtre des Amandiers à Nanterre et dans le cadre du Festival d'Automne à Paris. L'occasion d'évoquer la façon dont il produit ses pièces, sa relation avec les acteurs et son rapport à la violence.

Avec

Metteur en scène et essayiste, mais aussi journaliste et réalisateur, Milo Rau est obsédé par la question de la violence dans la société, qu’il met en scène dans des procès et de puissantes reconstitutions. En 2018, il est nommé directeur artistique du théâtre NTGent et a reçu de nombreux prix pour ses productions qui ont été programmées dans de nombreux festivals internationaux. Depuis 2015, Nanterre-Amandiers l’accueille avec notamment _The Dark Ages (_2016), Empire, et dernièrement Histoire(s) du théâtre(1) (2018).  

Sa dernière pièce « Oreste à Mossoul » programmée dans le cadre du Festival d'Automne à Paris se joue jusqu’au 14 septembre au théâtre des Amandiers à Nanterre  et sera en tournée en Europe jusqu’en décembre 2019.

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C’est en effectuant des recherches pour son spectacle  Empire, créé en 2016  à la frontière entre l’Irak et la Syrie, et à portée de vue de la ligne de front des combattants de Daech, que Milo Rau a eu l’idée de monter une Orestie moderne. Avec cette création, fruit d’investigations menées sur place, l’artiste interroge au plus près un aspect brûlant de notre histoire immédiate.

Oreste à Mossoul de Milo Rau
Oreste à Mossoul de Milo Rau
- Fred Debrock

"Quand je crée une pièce, je veux que tous les acteurs participent au processus de création. On discute beaucoup, et j’insiste sur le fait que chaque personne incluse dans mes projets soit également auteur de ce projet et sache ce qu’elle fait. L’important c’est de connaître sa motivation, quand tu sais ce que tu fais, tout le reste c’est de la technique. L’idée d’avoir des esclaves qui exécutent mes idées ne m’intéresse pas : pour moi, c’est la mort de la logique de la performance."

"Oreste à Mossoul" de Milo Rau
"Oreste à Mossoul" de Milo Rau
- Fred Debrock

"Il existe beaucoup de métaphores de la guerre : elle peut être relationnelle, militaire, sociale ou économique. Au théâtre, on est un peu condamné à la guerre ou au trauma, parce que le tragique c’est toujours post-traumatique. A Athènes, les tragédies étaient toujours montées au retour de la guerre des jeunes hommes, cela explique pourquoi on parle tellement de la guerre dans le théâtre grec, on parle de crimes de masse, c’est un rituel post-traumatique pour se laver des crimes. La tragédie, c’est la forme qui raconte la façon dont la violence revient toujours, qu’il est impossible d’échapper à son destin de mort, au fait d’être simplement un homme et pas dieu : les hommes ne peuvent pas en finir avec la violence."

Archives

Samuel Fuller, émission « Les mardis du cinéma », France Culture, 1984

Michael Haneke, émission « Cinéfilms », France Inter, 1998

Référence musicale

Gary Jules, Mad world

Prise de son

Julien Calvas

Vous pouvez écouter et/ou podcaster cet entretien en cliquant sur le lien ci-dessus

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