Nicolas Maury : "L’intranquillité, c’est mon chemin"

Nicolas Maury, Cannes, octobre 2020
Nicolas Maury, Cannes, octobre 2020 ©AFP -  JOEL SAGET
Nicolas Maury, Cannes, octobre 2020 ©AFP - JOEL SAGET
Nicolas Maury, Cannes, octobre 2020 ©AFP - JOEL SAGET
Publicité

Pour la sortie de son film "Garçon chiffon", en salles ce jour, le comédien et réalisateur Nicolas Maury vient discuter avec nous du premier long métrage qu’il réalise, ainsi que de ses influences littéraires et de leur rôle dans son métier d'acteur.

Avec

Dans Garçon chiffon son premier film en tant que réalisateur, Nicolas Maury incarne le personnage de Jérémy, trentenaire, de retour dans sa région natale, le Limousin. Auprès de sa mère (interprétée par Nathalie Baye) il prend du recul sur sa vie parisienne, sa carrière de comédien et sa vie amoureuse.  

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Extraits de l'entretien

Ce film est un geste personnel, et il n’a d’autobiographique que le fait de le faire dans ma vie. Si, un jour, j’écris une autobiographie, j’y mettrai le fait que j’ai fait ce film : c’est ça qui est autobiographique. D’ailleurs, je suis d’abord acteur, et j’ai l’impression de me révéler beaucoup plus en jouant Marivaux, Sarah Kane ou Guillaume Vincent, et en cela, de me rapprocher de ma maison fondamentale. Nicolas Maury

Publicité

Ce qui a motivé l’écriture de Garçon chiffon, ce n’était pas de se dessiner soi-même, mais de poser très franchement, presque politiquement, un héros que je n’avais pas vu au cinéma. Il se trouve que je donne le bâton pour me faire caresser dans cette histoire, avec les questions qu’on me pose : est-ce vous, ou non, est-ce un miroir déformant, reformant, reconstituant ? Mais, je l’ai fait pour vraiment établir un nouveau symptôme, à savoir, comment être un chiffon dans une société qui nous oblige à avancer si droit, si fort, si haut. Parfois, être un chiffon est un état d’où on peut, peut-être, renaître. En fait, ce qui m’a motivé, c’est une réflexion sur la personna, plutôt que sur le personnage, et dans ce film, il y a un acte à la fois très conscient et très inconscient. Nicolas Maury

Nicolas Maury dans son film "Garçon chiffon", 2020
Nicolas Maury dans son film "Garçon chiffon", 2020
- Les films du Lozange

Mon personnage Jérémy, le garçon chiffon, tend une perche : dans cette société, où il est de bon ton d’être une personne différente dans chacun des espaces de la société, que ce soit, au boulot, dans la sphère amoureuse ou amicale, chez son psy, lui, il est la même personne tout le temps. Etre la même personne tout le temps, quand on est acteur de cinéma ou de théâtre, c’est très difficile, et c’est vrai, que parfois, on peut se sentir complètement dépeuplé et intranquille, mais cette intranquillité, c’est mon chemin. Nicolas Maury

Dans son autobiographie "Parure d’emprunt", la romancière américaine Paula Fox a regardé sa vie non par dates, mais par lieux, et cette autobiographie est, peut-être,  l’une des références les plus assumées de "Garçon chiffon". Regarder sa vie par paysages, en abolissant le feuilleté du temps, et se dire que ce sont les lieux qui nous parlent et peuvent témoigner de nous. Nicolas Maury

Parler de soi, en faisant état des livres qu’on a lus, c’est ce qu’il y a de plus beau, c’est comme faire état de pénétration ultime : il y a les amants, les amis, mais il y a les livres qui nous habitent. Imaginez le bonheur d’être un acteur, et dans le métro, se faire tout seul, des Italiennes  de Marivaux : c’est l’un des plus beaux trésors. Nicolas Maury

.
.

Archives

François Truffaut, émission Les après-midi de France Culture, France Culture, 1975

Marguerite Duras, émission Nuits magnétiques, France Culture, 1980

Nathalie Baye, émission Le cinéma des cinéastes, France Culture, 1981

Référence musicale

Jane Birkin, Ballade de Johnny Jane

Prise de son

Antony Thomasson