Nous recevons la réalisatrice à l'occasion de la ressortie en salles, dans une version restaurée de son documentaire "Plogoff, des pierres contre des fusils", réalisé 1980. Elle nous parle d'engagement, de combats, se pose et nous pose cette question : qu'est-ce que c'est que lutter ?
- Nicole Le Garrec réalisatrice
Plogoff, février 1980. Toute une population refuse l’installation d’une centrale nucléaire à deux pas de la Pointe du Raz, en Bretagne. Plogoff, des pierres contre des fusils de Nicole Le Garrec retrace six semaines d'une lutte devenue historique.
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Extraits de l'entretien
On a eu du mal de prendre de la distance avec ce film, parce qu'il y a toujours eu des demandes de projections, et qu'il est un peu le symbole de la résistance, de l'engagement, et comme il y a eu un certain nombre de problèmes sociétaux tels que les fermetures d'hôpitaux ou d'écoles, les problèmes des CPE dans les années 90, tout cela a fait que le film était toujours sur les routes et qu'il ne nous a jamais quitté.
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Le film engendre des débats riches, les gens ont des questions à poser après ce genre de film : peut-être que les documentaires suscitent plus de questions. Les gens parlent, ont besoin d'échanger. Je suis toujours partante pour les projections à cause des débats, les gens nous parlent de leurs problèmes et c'est pour ça que Félix et moi nous continuons vaillamment à courir sur les routes de France.
J'ai eu l'intuition, très en amont, qu'il allait se passer quelque chose d'important dans ce village, parce que j'avais participé à des manifestations, et l'une d'entre elles m'avait beaucoup touchée. On était cinq mille, et on était tous investis et en empathie avec les gens de Plogoff, parce qu'on savait que le combat allait être très dur, que les médias n'y croyaient pas, même ceux qui allaient nous soutenir après. En arrivant sur la côte, cette côte qui allait être découpée avec la construction énorme de la centrale, nous avons tous eu le souffle coupé en voyant la beauté du paysage : notre désir de film s'est ancré là. Tous les gens qui étaient présents ont eu une raison supplémentaire de s'engager : ils ne pouvaient pas laisser faire ça. On a compris que le lien entre le sol et les gens était très fort, que ce n'était pas une région neutre.
Si les jeunes policiers craquent, c'est qu'ils sont sensibles aux mots des femmes qui se sont mises spontanément devant eux. La préfecture pensait que Plogoff était composé d'une population qui n'allait pas réagir, parce qu'elle était formée d'anciens militaires, de retraités, de gens de la marine, de personnes qui avaient toujours respecté l'ordre établi, et étaient dans l'obéissance de la hiérarchie. Mais là, ces gens ont basculé dans la désobéissance et dans une résistance active. C'est ce qui m'intéressait aussi : comment des gens basculent dans l'autre camp ?
Archive
René Vautier, émission "A voix nue", France Culture, 1989
Référence musicale
Bertrand Belin, Glissé redressé
Prise de son
Dhofar Guérid
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