Pour son spectacle « Hymen hymne », au théâtre de la Bastille à Paris du 15 au 18 avril, la chorégraphe convoque les pratiques de l'invisible et l'idée du magique comme une façon de se réinventer, en plaçant le spectateur au centre de son dispositif chorégraphique.
- Nina Santes danseuse et chorégraphe
Dans cette pièce, la chorégraphe réinvestit l’héritage de la sorcière, figure ancestrale et révoltée. « Hymen hymne » est une célébration aussi sensorielle qu’envoûtante. De la nuit profonde et archaïque jusqu’au rituel contemporain, les cinq interprètes circulent parmi l’assemblée des spectateurs, et questionnent tour à tour le devenir de la sorcière. Un être hybride et marginal, une présence mystérieuse qui sonne la révolte contre les normes sociales et l’ordre établi. Loin de tout folklore historique, Nina Santes s’inspire ainsi du mouvement écoféministe, incarné par l’autrice américaine, Starhawk, dont les écrits nous enjoignent à rêver la puissance de l’obscur.
J’ai voulu creuser pour savoir ce qu’il y avait derrière le mot sorcière et c’est comme ça que je suis tombée sur le travail de ces activistes à la fin des années 70 , qui reconvoquaient cette figure de la sorcière, à travers des mouvements de lutte sociale et environnementale qui croisaient les questions concernant la planète, avec celles du corps des femmes et du corps des minorités plus généralement. Ca m’intéressait, parce que ça parlait d’un corps collectif et d’un corps social, du fait que la sorcière était peut-être une énergie contenue dans les corps.
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Le théâtre est un espace très codifié, et ce dont j’avais envie, c’était de casser la délimitation entre la scène et la salle, et proposer un mouvement de réappropriation collective de cet espace. Pour moi, c’était important qu’on cohabite avec le public sur l’espace de la scène, et qu’on invite les gens à choisir l’endroit depuis lequel ils pouvaient faire l’expérience de cette pièce. Les mouvements du public sont une partie de l’acte chorégraphique de la pièce, qui n’existe pas sans la présence de cette foule-là et de son comportement qui change chaque soir.
Il y a un travail sur la vibration et la voix tout au long de la pièce, c’en est le moteur chorégraphique. Il y a l’idée de charger les corps, comme si on cherchait à les remplir de fréquences ou d’énergie. En fait, cette pièce est immersive par le son, on ouvre des espaces et on crée des paysages sonores. Les corps des spectateurs sont à l’intérieur de la pièce, mais la pièce voyage aussi à l’intérieur des corps des spectateurs.
La dramaturgie du spectacle est pensée un peu comme un acte magique, elle se réfère beaucoup à certains rituels magico-politiques du collectif Witch, qui sont comme des processus à traverser selon plusieurs étapes qui sont : formuler, plonger dans la tristesse, puis dans la colère, et à partir de la colère, défier. J’ai construit la pièce sur cette idée que l’on doit plonger dans nos propres obscurités, pour y trouver une puissance d’agir.
Archives
Starhawk, émission « LSD », France Culture, 2018
Emmanuelle Vo Dinh, émission « Pas la peine de crier », France Culture, 2013
Lecture
Mona Chollet, Sorcières (ed : Zones)
Références musicales
Ala.ni, Planet to your sun
Marie-Pascale Dubet, Chant
Melissa Laveaux, I want to be evil
Ala.ni, Darkness at noon
Prise de son
Yanis Djoudad
Informations complémentaires
Nina Santes est depuis le début de l'année 2019, artiste associée à l'Atelier de Paris-CDCN. Lors du festival "June Events" 2019, elle sera en charge d'une nuit blanche le 8 juin. Et elle sera présente au Festival d'Avignon dans le cadre des Hivernales avec le projet "A Leaf" du 6 au 8 juillet.
L'équipe
- Production
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