Noémi Lefebvre : Pour moi, c’est important qu’un texte tienne tout seul"

Noémi Lefebvre
Noémi Lefebvre - Francesca Mantovani
Noémi Lefebvre - Francesca Mantovani
Noémi Lefebvre - Francesca Mantovani
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Nous recevons l’écrivaine à l’occasion de la parution de son roman "Parle", suivi de "Tais-toi", aux éditions verticales.

Avec

Dans  Parle, Noémi Lefebvre dresse le portrait d'un groupe d'héritiers de la classe moyenne, réunis pour procéder à la répartition d'objets répertoriés dans un inventaire, et dont la conversation collective fait affleurer des culpabilités et des doutes, des rêves déchus et des peurs. Les stéréotypes qui constituent ce portrait d'un groupe d'héritiers de la classe moyenne sont ensuite interrogés dans Tais-toi, le deuxième volet du livre en forme de postface autocritique.

Extraits de l'entretien

J’ai écrit "Tais-toi", parce j’avais envie de réfléchir sur la fiction que j’avais écrite, et je me suis dit que, peut-être, l’auteur d’une fiction est celui qui en connait le mieux les secrets, ou peut en voir certaines choses que d’autres ne voient pas. J’ajouterai aussi que, paradoxalement, "Parle" est un texte où le silence est de mise, tandis que dans "Tais-toi", c’est la parole qui va l’emporter.  Ce qui m’a intéressé, c’est de savoir ce que j’avais fabriqué, non pas par rapport à moi, mais par rapport à l’objet que c’était devenu. En fait, il fallait que je vérifie la solidité de mon texte, qui ne se situe pas dans un cadre de lecture défini.  Noémi Lefebvre, écrivaine

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Ce texte n’est pas abstrait, mais il renvoie à une forme de métaphysique partagée, à partir de laquelle on peut tirer des lignes de fuite. Il n’y est pas question de religion, de mort ou des étoiles, mais très vite, toutes les questions abordées posent ces questions vitales de manière simple. Ce qui m’intéresse dans l’optique philosophique, ce n’est pas la forme aboutie de la philosophie, mais plutôt des questions comme la valeur ou le travail, abordées de façon naïve, simpliste, presque bête. Je pense que, parfois, la bêtise remplie d’idées reçues dégage quelque chose qui nous fait réfléchir. Noémi Lefebvre, écrivaine

J’ai un côté ringard, un côté « L’art pour l’art », et j’aime bien qu’un texte tienne tout seul. Pour moi, un texte qui tient, c’est un texte dont toutes les phrases, tout ce qui le constitue, contribuent à la complétude d’un tout. Cela ne veut pas dire qu’il est fermé, mais il ne répond pas à une demande et ne s’inscrit pas dans une démarche marchande. « L’art pour l’art », c’est sortir du texte utile pour fabriquer du texte utile, justement parce qu’il ne l’est pas. Noémi Lefebvre, écrivaine

Archive

Jacques Neefs, émission "Les chemins de la connaissance", France Culture, 2001

Prise de son

Souad Boukhorssa

L'équipe