

Nous recevons le comédien et metteur en scène pour son spectacle "Jacqueline-Ecrits d'art brut" au Centquatre-Paris jusqu'au 16 janvier puis en tournée en France et en Suisse jusqu'en mai 2020. L'occasion de parler de la grande beauté de l'intuition, de puissance créatrice et de folie.
- Olivier Martin-Salvan comédien
"Jacqueline-Ecrits d'Art Brut" puise son inspiration dans la découverte du livre de Michel Thévoz Ecrits bruts, publié pour la première fois en 1979 et collectant des textes issus de la collection d’Art Brut de Lausanne. Les écrits bruts ont pour spécificité d’émaner d’auteurs marginaux, dépourvus de toute éducation artistique et témoignent d’une grande liberté de forme, en dehors de toute tradition ou norme esthétique et syntaxique. Une grande nécessité émane de ces textes, un besoin vital de s’exprimer à l’écrit malgré la souffrance et l’enfermement physique et psychique dont souffrent leurs auteurs.
En mettant en scène pour la première fois des textes écrits par des personnes marginalisées, Olivier Martin-Salvan ouvre une percée dans la tête des "fous", dont l’acuité existentielle ferait rougir les plus sains d’esprit. " Jacqueline-Ecrits d'Art Brut" est au Centquatre-Paris jusqu'au 16 janvier, puis en tournée en France et en Suisse jusqu'en mai 2020.

Extraits de l'entretien
On peut dire que le texte dont s'inspire le spectacle est un peu de l'art-thérapie avant l'heure. Dans "Jacqueline-Ecrits d'Art Brut", je convoque les fantômes, je suis traversé par les auteurs et surtout les autrices, car ce sont en majorité des écrits de femmes. Ce n'est pas une question de mode ou de quota, c'est que dans les ateliers d'écriture et de théâtre dans les hôpitaux, ce sont surtout les femmes qui viennent faire de l'art. Ça a été très bouleversant de rencontrer toutes ces personnes, je sentais la souffrance, l'enfermement mental et physique, et je me suis dit que j'allais être l'instrument pour faire entendre des œuvres dont beaucoup étaient enfermées dans des cartons, et que personnes n'avait vraiment entendues.
Ce qui est bouleversant au théâtre, c'est que le spectateur fait la démarche de s'asseoir dans une salle, il a payé sa place, et il faut que l'on soit à la hauteur de la mission. Le spectacle va forcément évoluer de plus en plus, et à moi d'être un peu comme un animal, ou comme ces artistes d'art brut, qui ne sont pas dans "le faire", mais qui créent pour eux-mêmes.
Quand je rencontre des artistes d'art brut, des gens internés ou des gens autistes, ils viennent tout de suite se coller à moi, ou on s'embrasse; j'ai cette chose aussi de toucher les gens. Mais ces reclus de la société, ces gens que l'on prend pour fou, qu'est-ce que cela pose comme question ?

Archives
Claude Régy, émission "Hors champs", France Culture, 2012
Jean Dubuffet, archive diffusée dans l'émission "Hors champs" en 2016
François Chaignaud, émission "Par les temps qui courent", France Culture, 2019
Joëlle Léandre, émission "Surpris par la nuit", France Culture, 2008
Références musicales
Anna Clyde/Wooly Barbee, A wonderful day
Svarte Greiner, An ordinary hike
John Cage, Primitive pour piano
Prise de son
Amandine Grevoz
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