Olivia Rosenthal : "Je crois en la force subversive de la parole"

Olivia Rosenthal
Olivia Rosenthal - Francesca Mantovani
Olivia Rosenthal - Francesca Mantovani
Olivia Rosenthal - Francesca Mantovani
Publicité

L’écrivaine revient avec "Eloge des bâtards", un roman dans lequel nous suivons neuf personnages entrés en désobeïssance. L’occasion de parler de la puissance de l’écoute et de la parole ainsi que de l’importance du désordre, cette "source vive" qui permet de résister et de créer.

Avec

Dans  son dernier roman Éloge des bâtards, Olivia Rosenthal  fait suivre neuf personnages qui tentent de résister à la puissance de l’aliénation. Face au pressant danger qui les menace, ils vont, contre toute attente et cinq nuits durant, remonter aux origines de leur propre histoire, et ainsi sceller entre eux de nouveaux liens.

Au cours de notre entretien, Olivia Rosenthal nous explique son processus créatif ainsi que l'organisation de son écriture: 

Publicité

"L’histoire de l’organisation c’est une vieille histoire, et c’est important dans ma vie. Le réel arrive d’une manière imprévue, il entre en nous et on ne sait pas quoi en faire, on est un peu submergé et l’écriture est une manière de l’organiser. Ce livre raconte la manière dont on s’y prend pour faire quelque chose avec tout ce qui nous arrive."

"Quand j’écris, j’aime bien produire des pistes dont on a l’impression qu’elles se perdent dans du sable puis soudain, on les retrouve. L’idée, c’est de laisser toutes ses pistes en soi et de voir à quel moment elles vont réapparaître. "

Elle évoque également la puissance de l’écoute et de la parole : 

"Dans mon livre, le rôle de la narratrice c’est plutôt d’écouter, et de réagir à ce qu’elle entend. C’est très difficile d’écouter, c’est un métier très compliqué. D’abord, il faut résister à ce qu’on écoute, mais il faut aussi se laisser traverser par ce qu’on écoute. (..) En fait, il faut élaborer la bonne distance avec le monde et la fiction amène à cela. Trouver la bonne distance avec le monde c’est aussi trouver la bonne distance avec son interlocuteur et ce livre c’est l’histoire de gens qui se parlent. En fait la question qui se pose est : comment fait-on pour se parler, être en état d’entendre ce que la personne vous dit et être capable de réagir à ce qu’on entend. (…) Je voulais montrer La puissance de la parole quand on est capable de parler en son propre nom et de raconter sa propre histoire. "

Et pourquoi faire un éloge des bâtards:

"D’habitude, je fais des entretiens avec des gens que je ne connais pas, et là j’ai intégré des gens que je connais, et beaucoup d’entre eux sont des bâtards. Je leur ai demandé de raconter quelque chose sur le fait qu’ils sont des bâtards, un terme péjoratif qui aurait pu les heurter. Je les ai interrogés sur le sens qu’ils donnaient à ce terme et je voulais savoir s’ils s’y reconnaissaient. Mais, personne ne se reconnaît comme bâtard, pourtant il y en a beaucoup. En fait, j’ai voulu montrer comment les bâtards renversent l’insulte et ont une force que les autres n’ont pas : être bâtard oblige à avoir beaucoup plus d’énergie. C’est difficile de ne pas connaître ses origines, mais je vois ça comme une liberté, même si c’est une liberté qui a été imposée."

L'Invité(e) culture
18 min

Archives

Svetlana Alexievitch, émission « Lettres étrangères », France Culture, 2015

Pierre Descargues, émission « Centres de gravité », France Culture, 1980

Jacques Rancière, émission « les matins », France Culture, 2016

Références musicales

Joey Starr, Métèque

Les Vilars, Le bel avenir

Les Vilars, Celle qu’ils n’auront pas

Prise de son

Alain Joubert

Vous pouvez écouter et/ou podcaster cette émission en cliquant sur les liens ci-dessus

L'équipe