Nous recevons le réalisateur et musicien Quentin Dupieux qui, après « Au poste » et « Rubber », est de retour en salles avec son dernier film « Le daim ». L’occasion pour le cinéaste d’évoquer son rapport à la comédie, et l’importance du montage et du rythme dans sa filmographie.
- Quentin Dupieux Musicien, réalisateur, scénariste
Après avoir ouvert la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2019, le nouveau film de Quentin Dupieux « Le daim » sort en salles ce mercredi 19 juin. Comme à son habitude, le réalisateur signe une comédie loufoque dans laquelle Georges, un quadragénaire paumé interprété par Jean Dujardin, s’enfonce peu à peu dans la folie après s’être acheté un blouson en daim hors de prix. Cet achat, qui lui a couté toutes ses économies tourne à l’obsession et au délire criminel.
J’aime bien être nulle part et jamais. Je suis sans cesse à la recherche de sensations, et je ne me pose jamais la question de savoir à quelle époque se déroule le film car pour moi, le but d’un film, c’est de s’inscrire où et quand on veut. Je ne fais que des choix artistiques de sensations, qui doivent former un tout cohérent, et qui font que, petit à petit, le monde se fabrique.
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Artiste c’est un mode de pensée, et c’est presque incohérent de vouloir être dans l’industrie du cinéma et de prétendre être un artiste. Il se trouve que j’ai réussi à forcer la porte et que je me suis fait une place, dans laquelle je peux faire du cinéma comme un artiste. Petit à petit on se rend compte que mes films qui faisaient très niche au départ sont en train de sortir de la niche, sans que je change ma façon de filmer. C’est quasiment à l’usure que je suis en train d’avoir du public. Et surtout, la réalité de cette industrie du cinéma, c’est que j’ai cette chance d’embarquer des comédiens qui sont en haut de la liste, et qui permettent à mon cinéma d’être visible.
Je sais ce qui m’anime, et je sens tout de suite quand je suis en train de faire un truc standard, j’ai une sorte de radar à ennui qui me protège de la complaisance et de la lassitude. Je ne suis pas un très bon auteur, ni un grand technicien de la mise en scène, mais je suis un très bon monteur. Il y a une science du montage et du rythme, du choix des prises : il y a une noblesse du montage.
Quand on fait un film aussi délirant, on demande un effort au spectateur, et la moindre des choses, c’est de se concentrer sur le plaisir qu’on va donner aux gens et non de se faire plaisir à soi-même. J’aime bien faire des petits films courts pour ne pas enfermer les gens trop longtemps et pour les maintenir dans un truc excitant sans leur voler du temps. En fait, j’ai inventé un nouveau format : je fais des films très courts et très lents.
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Archives
Bertrand Blier, émission « Le bon plaisir », France Culture, 1995
Chantal Akerman, émission « Le pop club », France Inter, 2002
Extraits
Le daim, film de Quentin Dupieux, 2019
Rubber, film de Quentin Dupieux, 2010
Wrong, film de Quentin Dupieux, 2012
Références musicales
Dragibus, Pygmy pig
Mr OIZO, Positif
Prise de son
Alexandre Dang
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