
Nous recevons l'autrice à l'occasion de la parution de son premier roman "D’oncle" aux éditions Verdier
Rebecca Gisler (écrivaine et traductrice).
Il était une fois : un oncle. Un oncle qui vivait seul, dans une maison au bord de la mer ; un oncle à l’hygiène douteuse, aux manies bizarres, à la santé défaillante, aux proportions anormales. Un jour, le neveu et la nièce de l’oncle viennent vivre avec lui, formant ce que sa nièce, qui nous raconte cette histoire, appelle « une colocation involontaire ou une communauté d’oisifs ». La nièce décrit son oncle, et tente de faire le tour de ce personnage aussi étrange que fascinant, et étonnamment attachant.
D’oncle, le premier roman de Rebecca Gisler paru aux éditions Verdier, est un livre débarrassé de la glu du sentiment, du psychologisme, un livre prodigieusement dégoutant et prodigieusement drôle.
Rencontre ce soir avec l’autrice franco-suisse, qui est également traductrice, pour évoquer son rapport à la langue française, au corps, au fantastique et à l’humour burlesque.
Extraits de l'entretien
Le titre du roman D’oncle, avec le D apostrophe, reflète le côté un peu boiteux, anormal du personnage de l’oncle, mais aussi, le rapport que j’ai à l’écriture ou à la langue française, à savoir, un côté un peu incorrect de mon écriture. Ma langue maternelle est le français, que je ne parlais qu’à la maison, c’était donc une langue orale et familiale. Je suis née à Zurich, et j’ai appris à écrire en allemand. Il n’y a que 5 ans, que j’ai commencé à lire beaucoup plus en français et à écrire des textes. Le personnage de l’oncle existait déjà dans plusieurs textes écrits en allemand, mais c’est en changeant de langue d’écriture, qu’il a vraiment émergé, et que j’ai pu prendre plus de libertés vis-à-vis du réel. En écrivant ce texte, et en décrivant le personnage de l’oncle, j’ai découvert une expérience du langage. Rebecca Gisler, écrivaine
L’oncle, c’est cet homme-limite, qui est quelque part à la frontière entre l’enfance et l’âge adulte, mais ce n’est pas vraiment définissable et saisissable. Ce qui est intéressant, c’est que les neveux, qui ne sont plus des enfants, mais qui ont connu l’oncle quand ils étaient enfants, l’observent avec un autre point de vue. L’oncle devient celui qui réinvente l’enfance, car il conservé ses habitudes enfantines étranges, ses rituels, et c’est ce qui constitue sa mythologie et le squelette de ce texte. Rebecca Gisler, écrivaine
Beaucoup de lecteurs ont trouvé que l’oncle était dégoutant. Moi, je ne pense pas qu’il soit juste dégoutant, en fait, il est comme il est. En ce qui concerne la nourriture, si on énumère, ou si on imagine, tout ce qu’il peut s’enfiler dans sa chambre, sans le voir de façon trop dramatique, alors apparaît le côté burlesque de ce personnage qui s’offre à nous. Rebecca Gisler, écrivaine
Archives
Raymond Cousse, émission Nuits Magnétiques, Alain Veinstein, France Culture, 8/01/1980
Anne Garreta, émission Par les temps qui courent, Marie Richeux, France Culture, 2/10/2017
Jorge Luis Borges, émission A voix nue, Jean Daive, France Culture, 1978
Références musicales
Philippe Katerine, Vacances à l'hôpital
Wayne Snow, Figurine
Information complémentaire
Rebecca Gisler sera présente pour une lecture de son livre le mercredi 22 septembre 2021 dans le cadre du festival Actoral de Marseille
L'équipe
