Rithy Panh: "Le travail de l’art, c’est la lutte contre l’anéantissement"

La France est notre patrie réévalue la mission colonisatrice à travers des films d'archives de l'Indochine française. Exil est une méditation poétique sur la dévastation intime provoquée par le génocide khmer rouge, qu'il a vécu enfant, où se confrontent l'idéal de pureté violente des révolutions et la destruction individuelle et existentielle des êtres.

Je suis un praticien de l’image. Si on n’arrive pas à produire les images nous-mêmes, on n’existe plus dans ce monde.

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On a plein d’insignifiances partout, il faut revenir à l’essentiel au détail des choses, et le cinéma peut le faire.

L’art me permet de gérer mon mal-être, ma blessure. J’essaie d’utiliser le cinéma comme une chose inversement proportionnelle à l’anéantissement.

Pour survivre, il faut savoir protéger le souvenir le plus intime que vous possédez.

Si je suis assez sincère dans mes propos, ça rejoindra l’histoire de quelqu’un d’autre.

Je travaille comme ça, les mots, les images s’entrechoquent, cohabitent, mais on n’illustre pas. Il ne faut pas hésiter à utiliser la poésie, la poésie m’a sauvé la vie.

Quand vous êtes en lutte, vous défoncez toutes les portes, et quand vous commencez à vous sentir mieux, c’est là que les fantômes viennent vous attraper. Les mains de ma mère sur mes joues me manquent. Comment faire avec ce manque? Alors je le fabrique. 

Extrait

Exil, film de Rithy Panh, 2016

Archives

Mila Turajlic, émission « Par les temps qui courent », France Culture, 2018

Georges Perros, émission « Nuits magnétiques », France Culture, 1979

Caroline Guiela N’Guyen, émission « Par les temps qui courent », France Culture, 2018

Références musicales

Nicolas Repac, La complainte de l'aube

Dom la Nena, Le chant des oiseaux 

Information complémentaire

Rithy Panh sera l'invité de la 12ème édition des Journées internationales du film sur l’art, qui se dérouleront au Louvre du 25 janvier au 3 février 2019.