Nous recevons la chorégraphe pour son spectacle "Les bonnes" de Jean Genet présenté au théâtre de la Bastille, jusqu’au 15 novembre et coréalisé avec le Festival d'Automne à Paris. Elle évoque sa découverte de la pièce, son intérêt pour la luttes des classes et son travail sur la place du pouvoir.
- Robyn Orlin chorégraphe
Mêlant performance, texte et vidéo, pulvérisant la frontière entre salle et plateau, Robyn Orlin, « l’enfant terrible de la danse sud-africaine », met pour la première fois en scène une pièce de théâtre. Les phrases de Jean Genet retentissent alors de l’apostrophe que la chorégraphe continue d’adresser aux grandes inégalités contemporaines.
Extraits de l'entretien
"Adolescente, c’était au temps de l’apartheid, j’ai commencé à beaucoup aller au théâtre. J’ai vu en anglais «Les bonnes » de Jean Genet et j’ai été complètement choquée de voir sur scène trois femmes blanches. Alors je suis retournée au texte, je l’ai lu en anglais, mais je n’avais pas étudié le théâtre, je m’étais orientée vers la danse. Cependant, ce texte a toujours fait écho en moi, notamment par rapport à la situation de l’Afrique du Sud à l’époque. Dans un petit coin de ma tête, j’ai toujours voulu monter cette pièce, et à l’âge de soixante-trois ans j’y arrive enfin."
"Sous l’apartheid, il aurait été impossible que des bonnes soient blanches, et cette pièce m’a vraiment secoué, et ce qui m’a happé plus que tout, c’était ce dont parlait le texte à savoir la lutte des classes."
"Travailler avec des acteurs et avec une pièce a été un parcours passionnant. Je suis plutôt chorégraphe, même si parfois j’engage des acteurs et je les fais danser et lire un texte au milieu de la chorégraphie. Je ne suis pas sure d’être metteuse en scène de théâtre dans l’âme, et quelque fois, je ne sais pas trouver les mots pour diriger les acteurs : avec les danseurs je sais beaucoup mieux communiquer."
"J’ai toujours vu la caméra comme un outil fasciste, parce que ça oblige le public à regarder, plus que tout autre dispositif. Mais on peut aller un peu plus loin et dire que les lumières au théâtre sont également une manière de diriger le regard du spectateur et j’aime ce conflit entre les deux, joué en temps réel. Cela ne m’intéresse pas de me contenter d’une projection en fond d’écran, ce qui m’intéresse c’est de trouver où réside le pouvoir, et à l’heure actuelle, le pouvoir est vraiment dans l’œil de la caméra."
Archives
Maria Casarès, émission « L’humeur vagabonde », France Inter, 2003
Alfredo Arias, émission « Radio libre », France Culture, 2001
Julien Gosselin, émission « Par les temps qui courent », France Culture, 2019
Catherine Chalier, émission « Talmudiques, France Culture, 2018
Références musicales
Anohni, In my dream
Meredith Monk, On behalf of nature
John Jacob Niles, O Waly O Waly
Prise de son
Marie-Claire Oumabady
Traduction
Eve Dayre
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