

Son film « Les enfants du 209 rue Saint-Maur » sera diffusé sur Arte le 5 juin. Ce documentaire enquête sur l’histoire d’un immeuble parisien et de ses habitants pendant l’Occupation.
- Ruth Zylberman Écrivaine et réalisatrice
"Ça ressemblait à ça le vingtième siècle, une cour des miracles". C'est un ancien habitant de l'immeuble situé 209 rue Saint Maur, à Paris qui fait cette contraction éloquente. La cour dans laquelle des enfants, juifs, polonais, italiens, français, ont joué avant, pendant et après la guerre, ressemblait au 20ème siècle. L'immeuble aussi, qui fut comme la France, un refuge autant que le pire des pièges. Dans ces étages, au sol de ces couloirs, on a traîné des familles entières en pleine nuit le 16 juillet 1942 parce qu'elles étaient juives, qui furent éclatées sur des quais de gare, dans des camps de rétention, avant d'être déportées pour partie et d'être assassinés dans les camps nazis. Dans son dernier film Ruth Zylberman fait d'abord parler les murs, les pavés au sol, les poignées de porte, les archives. Dans un second temps il s'agit d'entendre celles et ceux qui sont encore vivants et dont les mémoires portent les trous que font les extrêmes douleurs. Ce sont des brèches qu'elle comble quand elle le peut, et non sans acharnement. Le film "Les enfants du 209, rue Saint-Maur" sera disponible pendant soixante jours en replay sur Arte+7, à partir du 5 juin.
La place d'étrangère dans laquelle j'ai été laissait la place à la projection, à l'imagination. Tout le travail d'enquête a été cette sorte de familiarisation avec cet immeuble, ce lieu, et puis finalement avec ces noms, ces gens.
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On retrouve la trace des victimes, mais on peut aussi essayer de leur redonner la question du choix. Ils ont été des victimes mais aussi des individus en vie qui ont fait des choix, pris des décisions, et cela les rend à leur dignité d'humain. On ne s'en souvient pas simplement comme des victimes.
L'archive n'est pas qu'un pur indicateur, c'est quelque chose qui nourrit et fait imaginer.
Parfois le 209, l'adresse, fonctionnait comme un sésame très violent. Le premier contact téléphonique était quelque chose de bouleversant. Sésame, ouvre toi... Et tout à coup un nouveau monde, un nouveau temps s'ouvrait.
On a tendance à oublier qu'en 40, 41, il se passait bien sûr déjà des choses, mais la vie continuait. On vivait plus à l'étroit, mais on vivait. La ruine, l'effraction s'est faite plus énorme, plus monstrueuse avec la rafle du 16 juillet 42.
Programmation musicale:
- Piers Faccini, Cammina Cammina
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration
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