

Rencontre avec la cinéaste à l’occasion de la sortie de son documentaire "Ziyara" en salles le 1er décembre.
- Simone Bitton réalisatrice
Son dernier film Ziyara, Simone Bitton, l’a tourné au Maroc, son pays natal. Dans les années 1950, près de 300.000 juifs vivaient encore dans ce pays – il n’en reste plus aujourd’hui qu’une centaine. La béance créée par ce départ, la cinéaste la raconte, non du point de vue de ceux qui sont partis, mais de ceux qui sont restés, ces hommes et ces femmes qu’elle appelle joliment « les gardiens musulmans de sa mémoire juive ». Devant les lieux sur lesquels ils veillent, comme ces tombeaux de saints où les juifs venaient autrefois se recueillir, ils lui racontent, dans la langue qu’ils ont en commun, le regret, l’amertume ou la mélancolie que suscite en eux le souvenir de ce monde englouti, et qui est aussi, comme le dit l’un de ceux rencontré au cours du voyage, « une partie d’eux-mêmes ».
Mathilde Wagman s’entretient ce soir avec la réalisatrice Simone Bitton pour évoquer son documentaire Ziyara en salles le 1er décembre 2021, et son parcours marocain à la rencontre notamment des gardiens musulmans des mausolées juifs.
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Ce n’est pas un film intime, c’est un film personnel dans lequel je m’approche de moi-même, sans me toucher vraiment. Simone Bitton
Extrait de l'entretien
"Dans ce film, je parle de ma communauté d’origine, les juifs marocains, mais j’en parle de manière détournée, puisque je le fais à travers les musulmans qui gardent leur mémoire. Au départ, ce qui m’intéressait, c’est que je savais qu’il y avait de nombreux saints partagés, vénérés à la fois par les juifs et les musulmans. Cela m’a beaucoup touché, et j’ai pensé que c’était sur ce thème que je voulais faire un film. J’ai commencé à visiter certains de ces lieux, et par extension, je me suis mise à visiter des synagogues, des cimetières abandonnés, et c’est à ce moment-là que j’ai rencontré les gardiens musulmans de ces lieux, pour la plupart très pauvres, ces gardiens de ma mémoire juive, des tombeaux de mes ancêtres. J’ai assez vite décidé que ce serait le sujet de mon film : des musulmans très croyants qui aujourd’hui, sont toujours pénétrés de la sacralité de leur tâche, et qui trouve tout à fait normal de garder les lieux de culte et les ancêtres d’une autre religion que la leur. Cela en fait une histoire bouleversante, surtout à l’époque actuelle." Simone Bitton

Si j’ai fait ce film, ce n‘est pas pour les spectateurs, mais c’était pour engager la conversation avec les gens que j’allais rencontrer. Simone Bitton
Archives
Tahar Ben Jelloun, émission La librairie francophone, France Inter, 12/12/2009
Alain Bublex, émission Surpris par la nuit, France Culture, 09/12/1999
Références musicales
Amina Alaoui, Ida Yahij
Oum, Mansit
L'équipe
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