L'autrice et metteuse en scène part en tournée dans toute la France avec sa pièce "Place", présentée lors du Festival d'Avignon2019 et lauréate du Prix du jury et Prix des lycéens au Festival Impatience 2018. Elle nous parle de présence–absence, d'assimilation et d'intégration.
- Tamara Al Saadi Metteuse en scène
Auteure, comédienne et metteuse en scène franco-irakienne, Tamara Al Saadi articule son travail entre la recherche en sciences sociales et la création théâtrale. Diplômée de l'école des arts politiques de Sciences Po Paris, elle fonde, en collaboration avec Mayya Sanbar, la compagnie "La Base" et mène des ateliers de théâtre qui questionnent le processus de construction identitaire dans l'immigration dans des collèges et lycées de Seine-Saint-Denis.
Sa dernier création "Place", est en tournée en France jusqu'en mai 2020.
Extraits de l'entretien
Dans mon spectacle j'utilise la radio car, au-delà du fait que je voulais traduire quelque chose de sensitif que je connaissais et qui appartenais à mon espace familial, le son a pour vertu d'être présent-absent. La question de la présence-absence est présente à différents niveaux de la pièce, que ce soit sans certains personnages, certaines thématiques, et je me disais que pour traduire cette présence-absence le son était le meilleur médium. On a également travaillé sur la question de preceptibilité. L'idée c'était que les gens ne soient pas sûrs de bien entendre.
Cette pièce décrit le mécanisme de l'assimilation, le fait de se sentir toujours encombrant, au mauvais endroit, et chercher constamment sa place, et finalement découvrir qu'une place c'est un processus, ce n'est jamais quelque chose de figé. On met du temps à comprendre ce qu'est se sentir à la bonne place, et aujourd'hui, je me dis que c'est simplement juste aimer. Quand on aime, on se sent à la bonne place.
Je pose beaucoup le terme d'intégration ainsi que celui d'assimilation. L'assimilation, c'est pour moi, un processus d'évincement, c'est une culture qui en interdit une autre, un conflit et une tension. Cette mise en tension crée cette dualité, ces renoncements. Tout d'un coup, on nous met face à un choix, comme si notre condition d'être dépendait de ce choix. En fait, c'est une fiction, une erreur. Au contraire, l'intégration pour moi, c'est une rencontre, une mutualisation des richesses. Moi j'ai expérimenté l'assimilation, pas l'intégration.
Je parle de mon endroit de difficulté, et je crois que l'intime est l'espace du commun, malgré ce qu'on peut croire. Quand on croit qu'on est vraiment tout seul à vivre quelque chose, là où ça fait le plus de mal ou le plus de bien, un endroit qui nous est très singulier, et qu'on arrive à nommer d'une façon ou d'une autre ce vécu-là, ça créer avec les gens une très belle complicité. Pour moi, l'intime fédère beaucoup, et le théâtre permet aussi de fédérer.
Archives
Annie Ernaux, émission "Répliques", France Culture, 2008
Emission "Nuits magnétiques : hauteur d'enfance", France Culture, 1990
Peter Brook, émission "les mardis du théâtre", France Culture, 1986
George Steiner, émission "A voix nue", France Culture, 2003
Mahmoud Darwich, émission "Radio libre", France Culture, 2004
Références musicales
Mardo El-Noor, Ya Rakib Al Abatyya
Tindersticks, Travelling light
Dates de tournée
Mardi 21 > Jeudi 23 janvier à la Comédie de Reims, CDN (51)
Mardi 28 janvier au Vivat, Scène Conventionnée, Armentières, (59)
Vendredi 31 janvier au Théâtre de Chelles, Scène Conventionnée (77)
Mardi 10 mars à 20h30 au POC! d’Alfortville (94)
Jeudi 13 mars à Chateauvallon-Liberté, Scène Nationale, Toulon (83)
Jeudi 14 mai au Dôme de Gascogne du CIRC, CIRCA, Auch (32)
Prise de son
Florent Bujon
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L'équipe
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