Tania Mouraud : "Crier toujours, jusqu'à la fin du monde, c'est la meilleure description de ma pratique artistique"

D’un côté la catastrophe a lieu dans le silence de la photographie. Des paysages sont défigurés par la machine de l’homme. Des forêts détruites. Des pans de montagne dévastés, et la beauté de ce que l’on voit à l’image terriblement duelle. La nature apparaît bizarrement sans défense. De l’autre côté la vie se débat et c’est sonore. Des baleinons apprennent à nager auprès de leur mère. Leur cris mélangés au bruit de l’eau, mélangés aux éclats de lumière réverbérés par les vagues, est un spectacle inouï de résistance du vivant. Alors d'un côté le son, de l'autre le silence et la question du bruit que fera la cicatrice faîte à la terre dans plusieurs dizaines d'années. Cette question de la trace, de la cicatrice, de la balafre pour reprendre le titre d'une des séries d’œuvres de Tania Mouraud, est une question qui prend plusieurs formes dans son travail, y compris quand elle s’adresse au langage ou à l’histoire.

Après une grande rétrospective au Centre Pompidou-Metz en 2015, Tania Mouraud est exposé jusqu'au 25 novembre à la galerie Rabouan Moussion à Paris.

Pour moi la photographie est la peinture du XXIe siècle. J'ai un regard de peintre quand je photographie. La peinture coule dans mes veines.

Je fais un travail agréable à l’œil mais si on gratte d'un seul coup on tombe vers la douleur de la mort.

Tout mon travail est basé sur mes expériences personnelles, retrouver ces frayeurs d'enfant, que le spectateur ressente cette espèce d'incertitude de la vie face à cette incroyable chorégraphie [de la baleine sortie de l'eau]. On se laisse emporter dans cette immensité.

Programmation musicale :

• Juliana Barwick, Sanguine
• Winderen, Energy Field
• Dominique A, Le morse
• Lama Kunga Rinpoche (chant tibétain), Robert Ashley (chant anglais), Eliane Radigue (composition), Mila's Journey Inspired By a Dream