Thomas Ostermeier : "Le théâtre, c'est le lieu de la vanité"

"Retour à Reims", mise en scène de Thomas Ostermeier
"Retour à Reims", mise en scène de Thomas Ostermeier - @Mathilda Olmi
"Retour à Reims", mise en scène de Thomas Ostermeier - @Mathilda Olmi
"Retour à Reims", mise en scène de Thomas Ostermeier - @Mathilda Olmi
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Nous recevons le metteur en scène pour son spectacle « Retour à Reims », au théâtre de la ville, jusqu’au 16 février. Il nous parle de sa crainte de la montée de l'extrême droite en Europe, de la nécessité d'être un artiste engagé et de son amour-haine pour le théâtre.

Avec
  • Thomas Ostermeier Metteur en scène allemand, codirecteur artistique de la Schaubühne de Berlin depuis septembre 1999.

Après une création en allemand à la Schaubühne en 2017, Thomas Ostermeier recrée « Retour à Reims » en français, 10 ans après la parution du célèbre essai de Didier Eribon. En adaptant « Retour à Reims »  et grâce au dispositif de doublage d’un documentaire, le metteur en scène  interroge les rapports entre biographie, art et représentation sociale ainsi que l’histoire récente de la politique européenne, de la disparition de la gauche à la montée des populismes.

Je me suis dit, qu’en tant qu’artiste, il fallait que je prenne position par rapport à la montée des populismes, et l’analyse de Didier Eribon explique beaucoup de choses sur la montée de l’extrême droite. Alors j’ai rencontré Didier, et j’ai commencé à imaginer une mise en scène de son texte « Retour à Reims ». Je pense que la force de ce livre c’est qu’il y a à la fois ce récit très intime, une sorte de confession et ensuite, à partir de ça, parce qu’il se pose des questions par rapport à sa famille et à son passé, il offre une analyse qui soutient qu’il y a un lien entre la corruption des élites de la gauche et la montée de l’extrême droite.

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Je propose différentes façons de traiter ce sujet, ce qui fait que je ne suis pas obligé de donner mon point de vue, et cela permet de se demander comment faire de l’art engagé aujourd’hui. Est-ce qu’il ne faut pas être plus militant, arrêter de faire du théâtre et des films et descendre dans la rue avec les gens comme Sartre en 68. Toutes ces questions que je me pose, m’ont permis de traiter toutes les questions sur scène.

Je suis content qu’une grande partie des critiques ne soit pas d’accord avec la mise en scène, ça me rassure. Et depuis longtemps je dis que je fais du théâtre pour un public bourgeois, parce qu’on est  pas encore à une époque où la classe populaire souhaite aller au théâtre.

Archive

Didier Eribon, émission « Du jour au lendemain », France Culture, 2009

Références musicales

Blade Mc Alimbaye, L’ombre d’un rêve

Gil Scott-Heron, Brother

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