

Pour la sortie de son livre « Pas dupe » aux éditions de Minuit, l'auteur évoque son écriture, dans laquelle chaque mot doit être le révélateur de ce qu’il y a dans le contexte, et où des événements clairs et évidents peuvent parfois produire des choses mystérieuses.
Yves Ravey (écrivain).
L'inspecteur Costa enquête sur la mort de Tippi, la femme de monsieur Meyer, retrouvée parmi les débris de sa voiture au fond d'un ravin. Est-ce un accident ou un acte criminel ? Monsieur Meyer se plie aux interrogatoires de l’inspecteur, ce qui n’est pas de tout repos, d’autant que ce dernier n’est pas dupe.
Je laisse aller l’intrigue de jour en jour, elle n’est pas autonome, c’est moi qui écris bien sûr, mais parfois on a l’impression qu’elle avance toute seule. Je peux être surpris des intentions que j’ai, et que je ne parviens pas à faire aboutir. Dans un premier temps, il y a la recherche, et dans un second temps, quand j’ai posé la situation, qu’une intrigue s'est peut-être révélée, je commence un travail d’élucidation de cette intrigue, de voir en quoi elle peut être l’objet d’une série d’éléments logiquement agencés qui produisent en principe une histoire sensée. En définitive, le temps le plus long est celui de la remise au point de chaque phrase. Chaque terme à l’intérieur d’une phrase est relié à ce qui s’est passé avant, et annonce ce qui se produira plus tard. Et donc, c’est à cet endroit-là que la position du lecteur me paraît essentielle.
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Le titre ne doit pas être tape-à-l’œil. C’est difficile de synthétiser un roman, j’ai l’impression que le titre « Pas dupe », contient tout le roman, et c’est l’ambiguïté de la situation. Je crois qu’on démarre toujours sur un malentendu, l’intérêt du roman ou d’un personnage, c’est que je ne sais pas si la personne est coupable ou innocente, parce que les deux sont possibles. Quand j’écris, je suis le premier dupe, parce que je ne sais comment les choses vont se produire, j’attends toujours un événement qui surgit et qui va m’orienter ailleurs. Je suis l’auteur, mais en même temps je suis le premier à assister à l’événement que je suis en train de fabriquer.
Le roman se construit sur un ensemble d’événements qui s’enchaînent les uns les autres et qui ne sont pas obligatoirement induits d’une manière logique. Chaque lecteur va interpréter et fabriquer à sa façon le résultat de ces événements successifs. Le principe que je retiens, c’est que les choses doivent être établies très clairement, et que la chaîne des causalités est importante, mais elle peut aussi compliquer des situations.
Archives
Alfred Hitchcock à Cannes, en 1963
Le commissaire Georges Massu, émission "Dimanche dans un fauteuil", RTF 1958
Références musicales
Roly Porter, In System
Dopplereffekt, Mirror Simmetry
Michael Kiwanuka, Cold Little Heart
Bob Graham, Your kiss
Prise de son
Stéphane Thouvenin
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