Le phoque barbu

Phoque barbu, Canada
Phoque barbu, Canada - Ansgar Walk - Wikimedia Commons
Phoque barbu, Canada - Ansgar Walk - Wikimedia Commons
Phoque barbu, Canada - Ansgar Walk - Wikimedia Commons
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Dans le grand nord, en Arctique, il est une période de l’année où la nature compose une partition musicale faite de sons de glace et de chants. C’est le printemps. La banquise craque et gémit, les baleines boréales de passage dans la région chantent, tout comme les phoques barbus qui vocalisent.

Le phoque barbu contrairement à ce que l’on pourrait croire, à de grandes et longues moustaches. Une pilosité qui le distingue de ses congénères, phoque annelé, phoque du Groenland pour ne citer qu’eux. Cette moustache pâle et fournie a tendance à friser en séchant à l’air libre mais redevient longue et droite une fois mouillée.

Le phoque barbu est un phoque de grande taille, environ 2 mètres 50 pour trois cents kilos, un corps trapu et costaud qui lorsqu’il se déplace sur les plaques de banquise, à l’aide de ses membres antérieures ou en ondulant telle une grande chenille, paraît bien pataud et peu habile. Mais attention, dès que l’animal retrouve son élément de prédilection, l’eau, il devient gracieux et vif. C’est un plongeur émérite et un excellent nageur, qui pendant la période des amours, chante sous l’eau.

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A priori, ce ne sont que les mâles qui se livrent à ces vocalises. Il s’agit de défendre son territoire et d’attirer l’attention des femelles. Ces sons produits sous l’eau sont très puissants, on peut les percevoir à plus de 30 kms et même lorsque vous êtes sur un bateau ou sur la banquise, vous entendez, à travers la glace, le chant envoutant des phoques barbus. Les scientifiques aimeraient bien savoir comment ce mammifère marin réussit à produire un tel son. Difficile à dire, car les conditions météorologiques et le caractère craintif de la bête, font qu’il n’est pas précisément facile à observer. Ce que l’on sait par contre, c’est que le phoque émet ces sons, gueule et nez fermés. Il n’y a donc pas d’expulsion d’air pendant le chant qui peut durer pourtant jusqu’à 90 secondes. Peut-être le phoque barbu a-t-il des adaptations anatomiques spécifiques ou une circulation d’air particulière ? Mystère…

En revanche, ce que les scientifiques ont découvert, c’est qu’il existe des dialectes chez les phoques barbus, une sorte d’accent qui joue sur la durée et la fréquence des sons émis. Le phoque que nous entendons en ce moment est canadien, pas norvégien ni groenlandais. Mais entre phoques barbus, on se comprend, même si les accents chantent différemment.

Conseillère scientifique : Isabelle Charrier de l’université Paris-Saclay

Prise de son : Isabelle Charrier

Isabelle Charrier est Chargée de Recherches au CNRS, elle étudie les relations entre systèmes de reconnaissance et structures sociales chez les Pinnipèdes (phoques, otaries et morses). Elle s'intéresse particulièrement à la reconnaissance entre la mère et son jeune, et la compétition entre mâles pendant la saison de reproduction. Les pinnipèdes sont des modèles mammifères intéressants pour ce type d'études, car ils présentent non seulement une diversité dans leur structure sociale allant des espèces ultra-coloniales à des espèces solitaires, mais aussi une diversité dans leur système de reproduction allant de la monogamie en série à la polygynie extrême.

Site web d'Isabelle Charrier

Site web de l'équipe

Nom du labo: Institut des Neurosciences Paris Saclay, UMR 9197 du CNRS

Nom de l'équipe: Communications Acoustiques

Pour en savoir plus sur le phoque barbu (Erignathus barbatus) :

Page d'information du gouvernement canadien

Le phoque barbu sur la Red List des espèces menacées d'extinction