Premier jour d'une semaine japonaise et aujourd'hui : plongée érotique en compagnie du docteure en anthropologie Agnès Giard qui explore le désir humain dans son nouveau livre, à travers les "love doll", ces substituts pornographiques au corps de plastique, ces poupées tant aimées...
- Agnès Giard Anthropologue, chercheuse rattachée à l’Université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon
Cette semaine dans Paso Doble :
« Regards français sur le Japon »
Fins connaisseurs de la culture japonaise, nos invités français de cette semaine, vivent ou voyagent souvent au Japon et partagent avec nous leurs recherches et leurs passions.
Aujourd'hui :
Agnès Giard, docteure en anthropologie, spécialiste du Japon et auteure d’Un désir d’humain : les love doll au Japon, aux éditions Belles lettres.
Le féminisme au Japon, c’est du conformisme parodique : c’est une exagération de l’image que les autres se font de vous. Une femme va sur-jouer la « cruche », et un homme va sur-jouer l’ « otaku » infantile et immature qui s’entoure de poupées grandeur nature et qui vit avec des jeux vidéo. Et d’une certaine manière, c’est être rebelle et activiste au Japon. Du coup, ma vision du féminisme a beaucoup changé.
Publicité
Résumé de l'éditeur :
Il existe au Japon une industrie de « love doll », des poupées grandeur nature conçues pour servir de « partenaires de substitution ».
Curieusement, ces produits sexuels haut de gamme se présentent sous la forme fantomatique de jeunes filles aux regards vides et aux corps incomplets… Est-il seulement possible de les « utiliser » ? Confrontant les humains à la question de la solitude, ces ersatz moulés dans les postures d'une attente sans fin fournissent un modèle représentatif de ce qui est considéré comme excitant et attirant dans la société actuelle.
Les firmes qui s'en disputent le marché les présentent non pas comme des « produits à vendre » mais comme des « filles à marier ». Lorsque le client ne peut ou ne veut plus garder sa poupée, celle-ci bénéficie de funérailles bouddhiques. A priori, ces love doll sont si ressemblantes qu'elles pourraient bien faire illusion. Ont-elles un coeur ? Une âme ?
Les Japonais investissent actuellement des millions dans la recherche en robotique et s'intéressent tout particulièrement aux moyens de simuler la conscience. Or ces poupées constituent un véritable laboratoire pour la recherche en vie artificielle. Elles servent de modèles à des prototypes d'androïdes et influencent les recherches de pointe en matière d'anthropomorphisme. Le sujet de ce livre dépasse donc l'anecdotique.
Il s’agit d’une enquête au cœur d’un système en train d’accoucher de formes de vies psychiques nouvelles. Les simulacres japonais devraient envahir le monde et cela d’autant plus rapidement que ces objets proposent quelque chose de plus qu’un aspect réaliste. Quoi ?
* Le blog d'Agnès Giard : Les 400 culs
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Collaboration