Emmanuel Burdeau : "Verhoeven a vu avec vingt ans d’avance la politique américaine telle qu’elle est aujourd’hui"

Semaine spéciale : l’Amérique d’aujourd’hui, points de vue européens

Aujourd'hui, dans Paso Doble :

Emmanuel Burdeau est critique de cinéma. Il est membre de la rédaction de Mediapart et contributeur régulier d'art press, du Magazine Littéraire et de So Film. Il anime la revue du Café des Images. Auteur de plusieurs ouvrages, il publiera en mars 2017 un livre d'entretien avec Paul Verhoeven, dans lequel figure aussi un essai sur l'ensemble du travail du cinéaste. Il vient nous parler de la ressortie en salles du film culte et sulfureux Showgirls de Paul Verhoeven.
Showgirls, sorti en salles en 1995, fut un échec aux box-office mais s’est largement rattrapé par la suite lors de sa parution en DVD, rassemblant une forte communauté de fans qui ont rendu ce film culte.
Aujourd’hui, il ressort en version restaurée au cinéma (en 4K à partir du négatif original) ainsi qu’en DVD (avec un long entretien de Paul Verhoeven dans les bonus).

Dans ce film, la nudité est débarrassée complètement de son élément d’érotisme et de sensualité pour devenir uniquement marchande ; et c’est un film dans lequel à aucun moment, Verhoeven ne cherche à ruser avec ça. Il fait le film qui colle, ou qui semble exactement coller, à cette esthétique criarde, ringarde, un peu proche du néant, qui est celle de Las Vegas.

Publicité

...

Verhoeven n’est jamais vraiment devenu un cinéaste américain, il a toujours considéré que sa carrière américaine était un intermède entre deux moments européens et il considère que « Elle » (son dernier film) est pour lui le retour à la réalité. Je crois que pour lui, cette parenthèse hollywoodienne qui aura duré une quinzaine d’années –sous réserve qu’elle recommence- est une sorte de parenthèse dans un monde un peu féerique et cauchemardesque, c’est comme ça qu’il l’a vécue.