Dans son polar, Hannelore Cayre, avocate pénaliste et auteure, dit ce qu'on a l'habitude de taire et dépeint le portrait et l'histoire d'une traductrice arabe-français pour la justice et la police, payée au noir et sans couverture sociale. Pour survivre, elle franchit la ligne rouge...
- Hannelore Cayre Avocate pénaliste et écrivaine
Aujourd'hui, dans Paso Doble :
Hannelore Cayre, avocate pénaliste et écrivaine pour La Daronne, aux éditions Métailié noir.
Je suis avocate pénaliste à Paris, au Palais de Justice j’ai des contacts extrêmement fréquents avec les traducteurs arabes qui sont les plus nombreux à Paris, je me suis liée d’amitié avec un couple, ils ont 76 ans, aucune sécurité sociale comme tout le monde le sait parce que les traducteurs n’ont pas de couverture sociale, pas de retraite, puisqu’ils sont payés au noir par le Ministère de la Justice. Il y a tellement d’argent à sortir pour payer les charges sociales des traducteurs qu’en fait, le Ministère ne peut pas, donc tout simplement, ils n’auront jamais de couverture sociale.
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Résumé de l'éditeur
Comment, lorsqu’on est une femme seule, travailleuse avec une vision morale de l’existence… qu’on a trimé toute sa vie pour garder la tête hors de l’eau tout en élevant ses enfants… qu’on a servi la justice sans faillir, traduisant des milliers d’heures d’écoutes téléphoniques avec un statut de travailleur au noir… on en arrive à franchir la ligne jaune ?
Rien de plus simple, on détourne une montagne de cannabis d’un Go Fast et on le fait l’âme légère, en ne ressentant ni culpabilité ni effroi, mais plutôt… disons… un détachement joyeux.
Et on devient la Daronne.
J’ai de l’empathie parce que pour mes dossiers je lis beaucoup d’écoutes téléphoniques de trafiquants de stup, c’est mon métier, à force d’en lire on connaît leur quotidien, on rentre dans leur intimité… Certains sont sympas et d’autres sont des petits cons.
Il y a un problème d’extraction sociale de la magistrature française, beaucoup viennent de familles assez bourgeoises. Certains des vieux magistrats qui détiennent les grosses chambres de stup ont peut-être une méconnaissance de la population, ils ne vivent pas avec eux. Ils ne sont pas forcément rascistes mais raisonnent comme Trump qui s’abreuve d’infos avec Fox News, ils ouvrent leur télé et ils voient des cités en feu, ça cultive leur peur de cette population sans contrôle, ils ont l’impression de lutter contre le chaos quand ils condamnent ces gens-là. Aujourd’hui les choses changent, il y aussi des magistrats issus de l’immigration, les jeunes magistrats sont assez différents.
...
Belleville, à Paris, est un exemple d’intégration, il y a des communautés extrêmement différentes qui vivent ensemble avec ce qui marche et ce qui ne marche pas : les chinois sont attaqués régulièrement par les jeunes du quartier qui leur arrachent leur sac, ils en ont marre, ils manifestent, ça aussi c’est Belleville.
L'équipe
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