Jean-Pierre Mercier : "Le «Spirit» de Will Eisner naît dans la pleine vague des super-héros : Batman, Superman, The Flash..."

Aujourd'hui dans Paso Doble

Jean-Pierre Mercier, commissaire de l’exposition Will Eisner, génie de la bande dessinée américaine à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à Angoulême jusqu’au 15 octobre 2017.

De mes deux faiblesses en tant que peintre et écrivain, j’ai fait une force : la BD.

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Will Eisner

Will Eisner est l’unique exemple d’un auteur qui, dans sa vie, a eu deux périodes créatives très espacées l’une de l’autre mais tout aussi intéressantes l’une que l’autre. Dans les années 40 il créa un personnage qui a laissé une trace énorme dans la BD : le Spirit. Dans les années 50 il fait de la BD autrement, pas à travers les publications traditionnelles. Et dans les années 70, alors que Spiegelman travaille sur « Maus », il publie une « graphic novel », un roman graphique, terme qu’il trouva dans un article et qui correspondait exactement à ce qu’il voulait faire, il l’a donc utilisé et l’a mis sur la couverture de son livre.

Will Eisner a commencé à publier dans les comic books qui étaient à l’époque le moyen d’expression en vogue après « Superman » et d'autres publications de ce genre… Il se distingue en créant le Spirit qui est en fait un comic book inséré dans des journaux quotidiens, une œuvre prodigieuse.

Le grand personnage qui fait le fond de toute l'œuvre de Will Eisner est la ville. L’histoire du Spirit se déroule à Central City, c’est en fait New York dans les années 40, on y retrouve les petites rues mal famées, les lampadaires, les lumières tranchées...

Will Eisner évoluait dans une forme stricte : il devait livrer sept pages avec une histoire de détective, ses méchants, ses femmes fatales, son héros, son « happy end »… Mais très vite il part de cette trame et innove. Il disait : « J’étais dans un format contraint mais je savais que je pouvais toucher un public adulte ».

Scénographie de l'exposition