Philippe Azoury : "Jim Jarmusch a pris en charge dans son cinéma la représentation de tout le non-représenté du cinéma américain"

Aujourd'hui, dans Paso Doble :

Philippe Azoury, critique de cinéma, journaliste et auteur de Jim Jarmusch, une autre allure, aux éditions Capricci, pour la sortie du film Paterson de Jim Jarmusch.
Exposition et rétrospective complète autour de l’œuvre de Jim Jarmusch au Cinema Galeries à Bruxelles jusqu’au 12 février 2017.

* Réécoutez l'émission PLAN LARGE d'Antoine Guillot du 17 décembre 2016 consacrée à Jim Jarmusch, avec un entretien du cinéaste.

Paterson est le film le plus japonais de Jim Jarmusch, concentrer toutes ses forces pour faire entrer le monde entre deux lignes de poésie, c’est ça être japonais chez Jarmusch.

En 1983, Jarmusch avait l’idée de filmer New York comme Jacques Rivette avait filmé Paris, comme Woody Allen, il était identifié comme étant le cinéaste new yorkais par excellence mais il n’a plus jamais filmé New York depuis 1989, à partir du moment où Rudolph Giuliani a nettoyé la ville, où la spéculation a gagné et où une gentrification s’est mise en œuvre. Il s’est détourné de cela, il a fait fuir son cinéma vers d’autres cieux, le Maroc, Tanger, le sud de l’Espagne, ou il a carrément exploré une part non filmée d’anonymat américain : Paterson, Jersey, la Louisiane, les territoires des amérindiens : il a le souci de représenter non seulement des territoires qui ne sont presque plus filmés, abandonnés par Hollywood, mais aussi de filmer les communautés quasi ignorées ou délaissées qui les accompagnent.

C’est presque le seul cinéaste américain à avoir cette démarche. Jarmush a réellement pris en charge à l’intérieur de son cinéma, sans jamais le hurler, à sa façon toujours un peu murmurée, la représentation de tout le non-représenté du cinéma américain, ce qui en fait un cinéaste politique assez fascinant.

Synopsis

Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes - de William Carlos Williams à Allen Ginsberg – aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

La Chronique mensuelle de Michel Ciment, en positif et négatif

Aujourd'hui, Michel Ciment revient sur le film Paterson de Jim Jarmusch et Premier contact de Denis Villeneuve.

* Lien vers la revue Positif