

Rachida Brakni réalise un film engagé qui esquisse le portrait de femmes dans l'attente d'un parloir, en prison, et met en scène l'enfermement dont l'emprise les atteint finalement. À travers le prisme de la prison, elle raconte la société sans manichéisme et questionne ce que génère l'enfermement.
- Rachida Brakni Actrice de théâtre et de cinéma, chanteuse
Aujourd'hui, dans Paso Doble :
Rachida Brakni, réalisatrice du film De sas en sas, en salles le 22 février 2017.
J’ai rencontré un certain nombre de surveillants de prison, j’ai réalisé à quel point eux aussi vivaient et subissaient l’enfermement et qu’ils travaillaient dans des conditions absolument déplorables. Ce parallèle m’a intéressée entre ces femmes qui vont visiter quelqu’un, qui se retrouvent dans une forme d’enfermement, et aussi ces gardiens qui sont exclusivement des hommes et qui vivent eux aussi cet enfermement, je voulais mettre en corrélation ces deux groupes.
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Quand j’étais plus jeune, j’avais lu « Surveiller et punir » de Michel Foucault et ce qui m’intéressait c’était cette question : que génère l’enfermement ? La prison est censée être un lieu qui vous remet sur le droit chemin et puis forcément on paye sa dette envers la société, ce que je ne remets pas en cause, mais est-ce véritablement un lieu où on répare quelqu’un ? J’ai des doutes. Ce qui m’intéressait, c’était ces femmes, quand elles se retrouvent elles aussi dans cet enfermement-là, qui a aussi une emprise sur elles, elles finissent par se comporter presque comme des animaux.


Synopsis
Par une journée d'été, Nora et sa mère Fatma prennent la route en direction de Fleury-Mérogis, où des femmes rendent régulièrement visite à un proche, un fils, un père, un frère, un compagnon. A l'entrée de l'établissement, elles retrouvent les visages connus des gardiens et des autres visiteuses : Judith, Houria, Sonia, Nawell... C'est le début d'une longue traversée de sas en sas, des premiers contrôles jusqu'au parloir. Mais ce jour-là, la canicule rend l'attente insupportable. À mesure qu’elles avancent, les liens du groupe se font et se défont, la tension monte jusqu’à ce qu’elles laissent exploser leurs rancoeurs.
Quand j’entends Thierry Lévy, un rapporteur de la prison, ou quand je lis chaque année les différents rapports de la Ligue des Droits de l’Homme sur les conditions de la prison en France, je trouve ça déplorable, ça n’est pas digne d’un pays comme la France, quand on voit qu’on est relégué à je ne sais quelle place dans les états européens, je trouve ça terrifiant parce que je pense que la prison est un lieu qui rend fou, beaucoup n’ont pas leur place en prison, certains ont davantage une place en hôpital psychiatrique, et il y a beaucoup de méthodes alternatives et je trouve malheureux que des politiques instrumentalisent cette question et qu’on nous parle chaque année de construire des places de prison supplémentaires.

Retrouvez Rachida Brakni dans la pièce Je crois en un seul Dieu, de Stefano Massini, mise en scène Arnaud Meunier jusqu'au 9 avril 2017 au Théâtre du Rond-Point à Paris.
L'équipe
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