Le Torero mort ou le Tragique au bord du léger

L'Homme mort, tableau réalisé par Edouard Manet (1864-1865), actuellement au National Gallery of Art (Washington D.C.)
L'Homme mort, tableau réalisé par Edouard Manet (1864-1865), actuellement au National Gallery of Art (Washington D.C.) - Domaine public via Wikipédia
L'Homme mort, tableau réalisé par Edouard Manet (1864-1865), actuellement au National Gallery of Art (Washington D.C.) - Domaine public via Wikipédia
L'Homme mort, tableau réalisé par Edouard Manet (1864-1865), actuellement au National Gallery of Art (Washington D.C.) - Domaine public via Wikipédia
Publicité

Sujet espagnol mais genre français, "L'Homme mort" de Manet, a été réalisé alors que l'auteur ne s'était jamais rendu en Espagne. Inspiré par Goya et Velázquez, Manet peint son imagination. Qui est le torero mort ? Pour y répondre Charles Dantzig reçoit Stéphane Guégan, conservateur au Musée d'Orsay

Avec
  • Stéphane Guégan Historien, critique d’art, Conseiller scientifique auprès de la Présidence du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie.

On est frappé par sa théâtralité et son anti-théâtralité. Il n’y a aucune sentimentalité, aucun pathos. La mort est là irréductible, mystérieuse, belle. Il y a quelque chose de doux et de sensuelle dans cette image. Stéphane Guégan à propos du Torero mort

Edouard Manet était fasciné par les corridas. Pourtant, il n’a jamais voyagé en Espagne, lorsqu’il a peint Episode d’une course de taureaux. Il la connaissait à travers les grands peintres espagnols collectionnés  en France, notamment Francisco Goya (1746-1828) et de Diego Vélasquez (1599-1660), « le peintre des peintres », comme il l’a qualifié plus tard. Manet représente une corrida, mais cette œuvre, exposée  en 1864, fut en butte aux moqueries. Manet a l’idée de génie de la découper pour ne retenir que  le torero mort, en resserrant la focale autour de lui et en simplifiant les couleurs (1865): il passe du spectacle à une épure, du bruit au silence. Tel « un romancier flaubertien, Manet maîtrise l’art du fragment, de l’ellipse, de la déliaison, il découpe et recompose, supprimant tout ce qu’il pouvait relever des recettes de la peinture d’histoire pour arriver au maximum des faits dans un minimum de forme », selon Stéphane Guégan, invité de Charles Dantzig aujourd’hui, conservateur au Musée d’Orsay. Stéphane Guégan vient de publier Van Gogh en quinze questions, aux éditions Hazan. Il est également co-commissaire de l'exposition Le Modèle noir, de Géricault à Matisse au Musée d'Orsay, jusqu'au 21 juillet 2019.

Publicité

Un des plus beaux, un des plus curieux, un des plus terribles spectacles que l’on puisse voir, c’est une course de taureaux. J’espère à mon retour mettre sur la toile l’aspect brillant, papillotant et en même temps dramatique de la corrida. Selon Manet qui écrivit à Baudelaire, le 14 septembre 1865

Malheurs survenus aux arènes de Madrid et mort du maire de Torrejón, de Francisco de Goya (1816)
Malheurs survenus aux arènes de Madrid et mort du maire de Torrejón, de Francisco de Goya (1816)
- Domaine public via Wikipédia

Auteur : Edouard Manet est un peintre français (1832-1883). Il est Républicain, rentier et hétérosexuel. 

Œuvre : L'Homme mort, huile sur toile, peint entre 1864 et 1865, se trouve actuellement au National Gallery of Arts à Washington D.C.

Personnage : Le Torero mort. 

Une vie, une oeuvre
59 min

Bibliographie

  • Stéphane Guégan, Van Gogh en quinze questions, Hazan, 2019
  • Jules Colmart, Le Cahier rouge des impressionnistes, Anthologie, Broché, sortie prévue le 9 mai 2019
  • Stéphane Guégan (dir.), _Manet, inventeur du moderne, C_atalogue de l’exposition au musée d’Orsay, Gallimard, 2011
  • Mario Bois, Manet : tauromachies et autres thèmes espagnols, Plume, 1994
  • Juliet Wilson-Bareau, Manet par lui-même, Correspondance et conversations, peintures, pastels, dessins et estampes, Atlas, 1991
  • Antonin Proust, Edouard Manet, souvenirs, H. Laurens, 1913

Retrouvez Personnages en personne et Charles Dantzig sur Facebook, Twitter et Instagram

L'équipe