Les candidats face à Quintus Cicéron : quelques conseils d'avant-débat

Les candidats à l'élection présidentielle française de 2017
Les candidats à l'élection présidentielle française de 2017 ©Reuters - Staff
Les candidats à l'élection présidentielle française de 2017 ©Reuters - Staff
Les candidats à l'élection présidentielle française de 2017 ©Reuters - Staff
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Le 4 avril, aura lieu un débat qui réunit tous les candidats à l’élection présidentielle : pas 5, comme c’était le cas le 20 mars dernier sur TF1, mais bien les 11 candidats. Pour se préparer à une telle épreuve, rien de mieux que de réviser ce week-end ces quelques conseils d'une sagesse latine.

Comment se faire entendre tout en étant à l'écoute ? C’est-à-dire comment à la fois se faire entendre des Français et montrer que l'on a écouté les Français ? Telle pourrait être la question qui se pose à tout candidat, et telle est la question qui se pose lors d'un débat, mais cette fois-ci en étant face à ses adversaires. Or, comment à la fois se faire entendre par eux mais aussi pouvoir écouter ceux à qui l’on s'oppose ?

Question tout autant rhétorique, diplomatique que politique, qu’un certain Cicéron va nous aider à démêler, non pas le célèbre orateur et homme politique, mais son frère : Quintus Cicéron ! Quintus à qui l'on doit un Petit manuel de la campagne électorale, et qui peut donc nous aider à répondre à cette question épineuse : comment se faire entendre tout en étant à l'écoute ?

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premier cas de figure : Nicolas Dupont-Aignan ! C’est le cas du candidat qui se fait entendre sans écouter, et qui d’ailleurs, par un paradoxe fou, a sûrement été plus entendu en refusant de parler à cette journaliste sur TF1.

Et pourtant, dans son Petit manuel de la campagne électorale, Quintus Cicéron le dit : pour être élu, il faut savoir écouter tout le monde : ses amis, le peuple bien sûr, et Nicolas Dupont-Aignan prétend l'avoir écouté et parler ici au nom des « millions de Français », mais aussi une autre partie du corps électoral qu’il ignore ici, je cite, ces « hommes d'actions dans le milieu urbain, beaucoup d'affranchis influents et actifs sur le forum » que l'on doit « rechercher et démarcher », tels les journalistes.

Une fois donc passé ce coup d'éclat : qui voudra encore entendre et faire entendre celui qui refuse ainsi d'écouter ?

Autre cas de figure : celui de Nathalie Arthaud, candidate du parti Lutte Ouvrière. C’est le cas inverse de Nicolas Dupont-Aignan, c’est celle qui est à l’écoute des Français et des « hommes influents et actifs sur le forum », mais qui n’est pas ou peu entendue. Et là est l’autre enjeu de notre question : comment être à l’écoute, certes, mais comment se faire entendre, c’est-à-dire être audible ?

Il n’y a rien de plus simple pour Quintus Cicéron : il s’agit de se demander qui on est, à quoi on candidate et où, dans quelle cité. Or, les élections et la cité, ce sont là où, je cite, « se rencontrent des pièges, des tromperies et des vices ». Or, peut-on être audible quand on refuse ce jeu-là ? Quand on veut se faire entendre en dénonçant précisément ces vices et en refusant de les utiliser ?

Et voici, un dernier cas de figure : celui de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron lors du fameux débat du 20 mars. Ici, il ne s’agit pas de savoir : comment être à l’écoute, ou comment être audible, mais comment se faire entendre, c’est-à-dire ici être compris ?

Marine Le Pen montre bien qu'elle a écouté son adversaire et fait bien entendre ce qu'elle en pense : à savoir que justement il n’y a rien à y entendre, il n’y a rien à comprendre dans ce qu’Emmanuel Macron a dit.

C’est l’autre enjeu de notre problème : être à l’écoute oui, mais se faire entendre dans quel sens ? Suffit-il d’être audible pour être compris ? Eh bien, pour Quintus Cicéron, oui : son conseil ici, je cite : « sois le meilleur des orateurs, c’est par là qu’on tient les hommes ».

CONSEIL

J’en ai déjà donné trois pour être à la fois à l’écoute et entendu : écouter les journalistes, user de moyens vicieux et ne pas se soucier d’être compris. Trois conseils qui semblent assez cyniques, alors pour nuancer ces conseils de Quintus dans son Petit manuel de la campagne électorale, je conseille de lire les lettres de son frère, Marcus, le plus connu des frères Cicéron, et dans lesquelles, il fait le portrait du gouverneur idéal.

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