A la table ce soir, Alain Damasio, écrivain de science-fiction, pour son ouvrage "Mondiale" paru en avril 2017 aux éditions Impressions nouvelles. A ses côtés, l'auteure Geneviève Brisac qui a publié "Vie de ma voisine", un récit de transmission féminine, en janvier 2017 chez Grasset.
- Geneviève Brisac Normalienne, agrégée de lettres, éditrice et écrivaine
- Alain Damasio Écrivain
- LIVRE ILLUSTRÉ : "Mondiale" d'Alain Damasio // Éditions Les Impressions nouvelles
Un livre-événement tout droit venu du futur. "Mondiale" est un livre d’art fictionné. De portraits et de récits brefs intersticiels qui les traversent et leur donnent voix. Il porte au point de fusion les corps métis fascinants de Beb-deum, virtuose mature de l’art numérique, avec les fictions éclatées et crédibles d’Alain Damasio, auteur de science-fiction et Grand Prix de l’imaginaire.
Leur rencontre produit autre chose qu’un beau livre avec de jolis textes littéraires, ce qui serait déjà beaucoup. C’est un carnet d’anthropologue perdu, comme tombé du futur entre nos mains. Un carnet qui compacte en une seule unité de papier un catalogue de vente d’êtres humains, tel que l’hypercapitalisme va certainement en produire, avec la parole de ces futurs « clownes » – esclaves parfois affranchis, clones fugitifs, rebelles à leur docilité programmée – et qui pensent ! Qui pensent et qui écrivent, créent des slogans, parodient leur condition, racontent leur vie de corps commercialisé qu’ils se réapproprient à leur façon par des autoportraits, leurs propres marques physiques, toute une autre « présentation de soi ».
C’est donc un livre hautement politique puisqu’il met en scène et en feu cet icône mondialisé du corps métis, jaune, noir ou blanc, saturé des marques de son aliénation et unique dans sa beauté pourtant sérielle.
Alain Damasio, dont l'anticipation politique est un des thèmes de prédilection, a aussi participé à l'ouvrage collectif "Au bal des actifs, demain le travail", un ouvrage collectif paru le en février aux éditions La Volte. Thème majeur de nos sociétés occidentales, le travail est un enjeu canonique des élections présidentielles, la première cause de mouvements sociaux lors de la Loi El Khomri et de dossiers dans la presse. Et si la fiction s'en mêlait à son tour ? Entre disparition et retour au plein-emploi, les écrivains de science-fiction prennent parti.
- ROMAN: "Vie de ma voisine" de Geneviève Brisac // Grasset
Ça commence comme une nouvelle d’Alice Munro : lors de son déménagement, une romancière est abordée par sa voisine du dessus qui l’a reconnue, et l’invite chez elle pour parler de Charlotte Delbo. Ça continue comme un récit d’Isaac Babel. Car les parents de Jenny, la voisine née en 1925, étaient des Juifs polonais membres du Bund, immigrés en France un an avant sa naissance.
Mais c’est un livre de Geneviève Brisac, un « roman vrai » en forme de traversée du siècle : la vie à Paris dans les années 1930, la Révolution trahie à Moscou, l’Occupation – Jenny et son frère livrés à eux-mêmes après la rafle du Vel' d’Hiv, la déportation des parents, la peur, la faim, les humiliations, et l’histoire d’une merveilleuse amitié. Le roman d’apprentissage d’une jeune institutrice douée d’une indomptable vitalité, que ni les deuils ni les tragédies ne parviendront à affaiblir. Ça se termine à Moscou en 1992, dans la salle du tribunal où Staline fit condamner à mort les chefs de la révolution d’Octobre, par la rencontre improbable mais réelle entre des « zeks » rescapés du Goulag et une délégation de survivants des camps nazis.
À l’écoute de Jenny, Geneviève Brisac rend justice aux héros de notre temps, à celles et ceux qui, dans l’ombre, ont su garder vivant le goût de la fraternité et de l’utopie
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