A quoi servent les think tanks ?

  ©Fotolia - peshkova
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Laboratoire d’idées, cercle de réflexion, lieu de débat ou plateforme d’ambitions personnelles, le think tank investit de plus en plus la société française. Ils sont aujourd'hui environ une centaine. Politique, écologique, numérique ou encore industriel. Partout en France et souvent dans les médias.

Focus à l'occasion de leur Forum annuel, demain.

De plus en plus de Français les (re)connaissent. D'après un sondage de mars dernier d'Ipsos, le plus connu, Terra Nova, proche du PS, bénéficie ainsi de 36% de notoriété. Soit 8% de plus par rapport à novembre 2011. Mais beaucoup ignorent encore leurs fonctions, voire même leur définition.

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Commençons donc par une typologie établie par Olivier Urrutia, de  l'Observatoire français des think tanks. Avec des généralistes, proches des partis politiques, des advocacy tank, pour une thématique, des institutionnels, souvent lié à l'Etat, et des universitaires. Pour une 5e ou 6e place au classement mondial, très loin derrière leurs grands frères anglo-saxons. Olivier Urrutia explique aussi comment les distinguer d'outils de lobbying :

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Grâce aux nouvelles technologies et crise aidant, ces laboratoires d'idées se sont développés et démocratisés ces dernières années.

Bien longtemps après un précurseur d'Etat : le Commissariat général au Plan. Une "anomalie pertinente" qu'évoque, entre autres, la journaliste économique Martine Royo, co-auteur d' un livre sur le sujet :

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Voilà les think tanks distingués pour 2012. L'évolution des partis politiques et du militantisme semblent en avoir fait une mode, avec une appelation galvaudée davantage choisie pour un destin. Thomas Hollande, Frédéric Lefebvre puis Daniel Cohn-Bendit ont ainsi lancé le leur ces derniers jours. Frédéric Lefebvre n'ayant pas répondu à nos questions malgré plusieurs relances.

"Toute la musique en arrière-fond : laissez-nous faire, nous, nous savons !"

Olivier Vilain
Olivier Vilain
© Radio France - Eric Chaverou

Journaliste, Olivier Vilain a étudié les think tanks pendant 3 ans avec Roger Lenglet pour un livre qui affirme qu’ils ont confisqué la démocratie. Livre que Marie-Cécile Naves qualifie de pamphlet contre le néolibéralisme et la social-démocratie sur le site nonfiction.fr (lui-même rattaché à la Fondation Jean Jaurès).

Olivier Vilain estime que ces organismes ont envahi les médias, via notamment des partenariats. Avec des experts qui formatent les problèmes et ne sont même plus cités en tant que responsable ou membre de think tank. "Tout un pan de la réflexion syndicale, associative, universitaire, en France ou à l'étranger, est exclu du champ du débat" ajoute-t-il.

Selon lui, les politiques sont sous influence, en particulier pendant la présidentielle. Et il n'est pas toujours simple, voire impossible, de connaître le détail du financement de Fondation, Institut ou autre, qui savent communiquer à merveille :

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"Le président de la République n'est pas sous l'influence d'un think tank"

Le député PS Laurent Baumel
Le député PS Laurent Baumel
© Radio France - Eric Chaverou

Député chargé par le Parti socialiste de réfléchir à 2022, Laurent Baumel rejette farouchement cette critique.

Pour l'élu d'Indre-et-Loire, ces organismes "sont fait pour ça", pour intervenir dans le débat public et politique. Le PS a aussi en son sein un laboratoire d'idées et "ce qui compte dans notre système, in fine, c'est ce que le président de la République fait. Et le président n'est pas sous l'influence d'un think tank. (...) En tout cas, les think tanks pèsent moins que les marchés financiers auprès des dirigeants" :

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Olivier Urrutia, de l'Observatoire français des think tanks, estime lui que "quantifier leur influence auprès des politiques, comme de la société, est extrêmement difficile. Cela reste une gageure" :

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Aller au-delà des fédérations professionnelles et syndicats, sans propagande

Laurent Baumel souligne que la véritable problématique de ces laboratoires d’idées est plutôt de réussir à se faire entendre. Face au poids de la presse, qui reste un réflexe chez les politiques, ou des technocrates, qui les conseillent.

Thierry Weil, délégué général de la Fabrique de l'Industrie
Thierry Weil, délégué général de la Fabrique de l'Industrie
© Radio France - Eric Chaverou

Difficulté aussi à générer des débats. Même si par exemple, la Fabrique de l’industrie, lancée à l'automne 2011 par Louis Gallois et qui refuse l’étiquette de lobbyiste, confie une certaine réussite.

Son délégué général, Thierry Weil explique d'où est venu ce laboratoire d'idées, au-delà des fédérations professionnelles et des syndicats.

Une association loi 1901, financée par l'UIMM, le GFI et le Cercle de l'Industrie, qui propose des conférences publiques (vidéo ci-dessous), des groupes de travail, des publications téléchargeables gratuitement et des initiatives auprès de jeunes, "dont beaucoup font toute leur scolarité sans avoir l'occasion de mettre les pieds dans une usine" :

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A Nantes, Stéphanie Rabaud, la directrice de l’Institut Kervégan, y voit un nouveau terreau pour la démocratie. Dans l’un des plus anciens think tanks français (créé en 1977), ouvert à tous, moyennant environ 100 euros. Une centaine de CSP + y adhèrent en vue d'une prospective territoriale tous azimuts, mais dans un contexte de changement global. Par exemple, au sujet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes :

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A la nuance pour certains d'un président, Jacques Floch, militant socialiste pendant des dizaines d'années. Et qui selon un ancien adhérent interrogé par Le Point relaierait une mainmise de Nantes Métropole.

"Des propositions fraîches, franches et tweetables"

Agathe Cagé, cofondatrice de "Cartes sur table"
Agathe Cagé, cofondatrice de "Cartes sur table"
© Radio France - Eric Chaverou

"Ce n'est pas la formule idéale, c'est une formule utile", confie Agathe Cagé, la cofondatrice de " Cartes sur Table", énarque, normalienne et doctorante en sciences politiques.

Ce laboratoire d'idées pour la gauche comme il s'affiche clairement est composé de 25-35 ans, avec pour objectif une plus grande diversité de profils qu'habituellement. Activé pendant la présidentielle, et sans budget, il a eu son jour de gloire en août, grâce à une double page dans Libération. Une évocation de ses 100 propositions à François Hollande pour ses 100 jours de présidence.

Think tank "poil à gratter", il mise beaucoup sur le web et les réseaux sociaux. Ses idées sont ainsi d'abord exprimées en 140 signes et commence à être déclinées en vidéo de 2 minutes. Problème, ils ne sont pour l'instant que 339 abonnés à suivre son compte Twitter. Agathe Cagé :

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