La liste des problèmes liés à l'amiante est longue. Entre les cas d'exposition directe ou indirecte, accidentelle, professionnelle…
Souvent, les risques ne sont pas convenablement considérés car les expositions aux fibres d'amiante sont indolores, et les maladies éventuelles ne se manifestent que 30 à 40 ans plus tard. Pourtant, ces fibres 200 à 400 fois plus fines qu'un cheveu représentent toujours un danger et les risques d'être confrontés à l'amiante sont assez élevés. Que ce soit chez soi, en fonction du type de logement, sur son lieu de travail, dans les services publics.
_Découvrez l'infographie de Sciences et Avenir pour comprendre comment agit l'amiante dans les poumons humains
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Certaines catégories de personnes sont directement confrontées à l'amiante dans le cadre professionnel.
Prenons l'exemple des ascensoristes. La profession a été durement touchée par des cas de maladies respiratoires et de cancers du poumon. Toute une série de composants des ascenseurs ont été construits avec de l'amiante, qui présentait d'excellente qualité en terme d'isolation et de résistance au feu. On en retrouve beaucoup dans l’isolation des portes palières, dans les freins, etc…
Aujourd'hui encore, la maintenance sur ces appareils est devenue très sensible, et nécessite des mesures de sécurité pour les techniciens comme pour les utilisateurs.
On a d'ailleurs appris, il y a quelques jours, que trois juges d'instruction du pôle santé publique du Tribunal de Grande Instance de Paris enquêtaient sur l'exposition de salariés de l'ascensoriste Otis. Les juges ont été saisis de l'enquête suite à une plainte des syndicats en 2008. Ils estimaient que l'entreprise ne protégeait pas assez les salariés qui intervenaient directement sur les ascenseurs.
Et les exemples des professions confrontés à l'amiante sont nombreux.
"Un héritage épouvantable laissé par les industriels de l'amiante"
Alain Bobbio, le secrétaire national de l'ANDEVA, Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante regrette une méconnaissance des Français sur l'étendue des risques :
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Tour Montparnasse, RATP : deux illustrations du casse tête de l'amiante en entreprise
Quelques semaines après avoir célébré ses 40 ans d'existence, la Tour Montparnasse est plutôt évoquée pour les histoires d'amiante.
Construite dans les années 60, la plus haute tour de Paris subit un désamiantage depuis 2007, dans des conditions théoriques de confinement total.
Pourtant, un expert mandaté par la préfecture de Paris, très inquiète sur le sujet, a constaté que les derniers dépassements des seuils d'alerte trouvaient leur origine… dans les travaux de désamiantage ! Des fibres d'amiante on pu se disperser en dehors de la zone étanche de confinement via les gaines d'aération. Depuis 2009, il y a eu 72 dépassements, au grand dam des salariés de la tour. Car l'opération de désamiantage se fait malgré la présence dans les lieux de 5 000 salariés. Face aux risques d'exposition, certaines entreprises ont décidé de quitter les lieux.
L'évacuation de l'immeuble a été évoquée par les autorités pour mettre la pression aux propriétaires.
Alain Bobbio, de l'ANDEVA aurait souhaité qu'une telle décision soit prise :
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Depuis le mois d'octobre, deux juges d'instruction enquêtent sur les dépassements du seuil de poussières d'amiante dans la tour Montparnasse. Une information judiciaire a été ouverte pour "mise en danger de la vie d'autrui" suite à un signalement de l'inspection du travail.
"L'amiante, il y en a partout" à la RATP
Des évacuations liées à la présence d'amiante ne sont pas rares et laissent entrevoir les conséquences en terme de désorganisation si la question n'est pas réglée.
Vendredi 20 décembre, quatre lignes du métro parisien ont été évacuées suite à une alerte amiante au Poste Central de Commandement (PCC) de Bastille, rue Bourdon à Paris.
Il y a deux ans, les conducteurs du RER B provoquaient un arrêt de la circulation des trains après avoir découvert que des morceaux de peinture amiantée tombaient de l'intérieur des rames, pourtant rénové.
A la RATP, le parc immobilier est tellement important que les délégués syndicaux estiment que le plan de désamiantage de l'entreprise n'a pas été à l'hauteur des enjeux.
Pierre Levanard est agent d'entretien, et délégué CGT :
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Pire, la RATP n'aurait pas réussi à lister les endroits amiantés, selon Pierre Levanard :
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Dans l'entreprise les plus vigilants sont les salariés les plus anciens, confrontés à l'époque à de l'amiante, dans des proportions plus importantes qu'aujourd'hui.
Mais cette génération de travailleurs part bientôt à la retraite, pour ceux qui ne sont pas morts de maladies respiratoires.
Une génération remplacée par des jeunes, plus insouciants et crédules explique Pierre Levanard :
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En tant que syndicaliste, Pierre Levenard estime que la solution et la prise de conscience viendra d'une mobilisation très forte des salariés. Car le seul sentiment de colère ne suffira pas à faire changer les choses :
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Leurs collègues syndicalistes de la SNCF ont déjà lancé une procédure au nom de 163 cheminots longtemps exposés à l'amiante.
70% des HLM sont amiantés
Le risque d'exposition à l'amiante ne s'arrête pas aux portes de l'entreprise. Construits dans les années 60 – 70, beaucoup de logements sociaux contiennent aujourd'hui de l'amiante.
Selon une étude de l'Union Sociale de l'Habitat, sept logements HLM sur dix contiennent de l'amiante.
C'est une moyenne établie en sondant "20% du parc de logement social en France".
Dans les logements concernés, on peut trouver des fibres d'amiante dans les matériaux fibreux : les enveloppes isolantes des canalisations, des conduites, des isolants, des plafonds. On en trouve également dans les matériaux fixes rigides : ciments, revêtements, colle des faïences, dalles de sols, mastiques, peintures.
Gilles Gal est le directeur d'Eure Habitat qui gère 17 000 logements sociaux et qui doit affronter l'amiante, et son coût financier très élevé :
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Quelles solutions ?
Au fil des ans, la législation s'est adaptée pour prendre en compte les dangers qui planent sur les personnes vulnérables : droit de retrait, poursuites, "préjudice d'anxiété". Définition avec Alain Bobbio de l'ANDEVA :
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"Il faut un plan national d'éradication de l'amiante"
Avant un abaissement du seuil d'exposition à l'amiante prévu en juillet 2015, les associations comme l'ADEVA voudraient que la lutte contre l'amiante soit considérée comme une cause nationale en France :
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En attendant, les autorités sanitaires estiment qu'il pourrait y a voir 100 000 décès liés à l'amiante en France d'ici 2025.
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